Titre original: | Terre abandonnée (La) |
Réalisateur: | Vimukthi Jayasundara |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 108 minutes |
Date: | 25 janvier 2006 |
Note: | |
Anura, un garde de l'armée sri lankaise, habite avec sa femme, sa fille et sa soeur dans une cabane au bord de la route, loin de tout. Alors que la guerre civile est finie, les hommes et les femmes manquent d'un but dans la vie, autre que d'assouvir leurs pulsions charnelles. Seule la petite Batti veut grandir et aller à l'école, afin d'échapper au sort de Petit Oiseau, le personnage du récit mystique d'un vieux soldat.
Critique de Tootpadu
Il est aussi difficile d'écrire sur ce premier film, récompensé l'année passée par la Caméra d'or à Cannes, que de le regarder. Ce qui ne signifie nullement qu'il manque d'originalité et de beauté, bien au contraire ! Seulement, la plupart des conventions narratives sont volontairement ignorées au profit d'un rythme langoureux. L'absence d'une histoire est ainsi étrangement compensée par de longs plans séquences contemplatifs, qui provoquent une certaine torpeur poétique chez le spectateur. La sensualité qui découle de ces images n'est cependant jamais abstraite, puisque le film aborde la sexualité avec une franchise inhabituelle pour la culture asiatique. Entre la nature, les vestiges de la guerre, les tensions à l'intérieur de la famille, et les rapports sexuels autant consommés qu'observés, il se crée un équilibre narratif précaire, qui intrigue néanmoins par quelques plans magistraux (celui du néon tout au début qui ne trouvera malheureusement pas d'égal par la suite).
Une oeuvre pratiquement inclassable, La Terre abandonnée ressemble malgré tout, et de façon fort partielle, aux films d'Apichatpong Weerasethakul. Comme Blissfully Yours et Tropical Malady, il participe à une décomposition du temps filmique, qui entraîne presque automatiquement un rapport très particulier à l'espace. Le travail sur le son, plutôt que sur des répliques extrêmement rares ici, renforce encore l'étrangeté du ton, aux facettes mystiques affirmées. Et au bout du chemin, à condition d'avoir été à la hauteur de l'exigence de ce film pas comme les autres, le souvenir en est fortement onirique, tel un rêve éveillé troublant.
Vu le 10 janvier 2006, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu: