9 m² pour deux

9 m² pour deux
Titre original:9 m² pour deux
Réalisateur:Joseph Cesarini, Jimmy Glasberg
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:01 février 2006
Note:
A la prison des Baumettes à Marseille, dix détenus participent à un atelier de création cinématographique. Ils recréent des scènes de leur vie quotidienne à l'intérieur des cellules de 9 m² qu'ils filment eux-mêmes dans un studio au sein de l'institution pénitentiaire.

Critique de Tootpadu

Le milieu carcéral a toujours intéressé le cinéma qui y voit un huis clos chargé de violence, d'interdits et, avant tout, de clichés qui colportent invariablement une impression assez réduite de la détention. Récemment, c'est le cinéma brésilien qui s'est démarqué dans le sous-genre, à travers Carandiru et Presque frères, mais la liste des titres qui ont, de près ou de loin, trait à la prison est interminable. L'approche documentaire se montre un peu moins empressée d'entrer dans les cellules, probablement en raison des difficultés d'accès. D'où l'intérêt de cette docu-fiction qui donne en plus la parole aux détenus, ou plus précisément, qui leur confie l'outil-même du cinéma, la caméra.
De prime abord, le quotidien monotone de la dizaine de prisonniers nous rappelle Zonzon de Laurent Bouhnik, au jeu de scrabble près. Mais cette impression de déjà-vu est rapidement remplacé par une sensation tangible d'enfermement. A force d'être réduit, dans son champ visuel, à la surface minimale qui donne son titre au film, le spectateur se trouve dans la position privilégiée, mais peu enviable, d'un animal enfermé dans sa cage. La traduction de ce sentiment de suffocation peut d'ailleurs être considéré comme le point fort de ce film, largement plus embrouillé sur le plan formel.
En dépit de l'introduction qui précise bien le côté fictionnalisant des prises de vue, les situations que les détenus participants ont imaginées demeurent toujours dans une zone floue entre la reconstitution et un rapport étroit à la réalité. Autant certaines séquences trahissent leur préparation par leur sagesse (les questions sur les traditions), autant d'autres donnent l'impression d'une improvisation à vif troublante (le départ de William). Cette inégalité de ton ne suffit pas à atténuer la claustrophobie bluffante, mais elle renforce le côté amateur de l'entreprise sans pour autant s'en servir à son avantage.

Vu le 9 janvier 2006, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: