C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé.

C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé.
Titre original:C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé.
Réalisateur:Michel Piccoli
Sortie:Cinéma
Durée:75 minutes
Date:18 janvier 2006
Note:
Un homme riche et âgé passe son temps entre son épouse acariâtre, sa maîtresse voluptueuse et son petit fils qu'il emmène voir les guignols. Même la gouvernante a du mal à suivre ce style de vie extravagant.

Critique de Tootpadu

Michel Piccoli, un immense acteur avec une filmographie démesurée, tant en termes quantitatifs (plus de 200 titres) que qualitatifs (il a tourné avec pratiquement tous les grands réalisateurs européens de ces 40 dernières années), mais qui s'est décidé un peu sur le tard à toucher à la mise en scène. Un changement de casquette qui est encore en quête d'une validation complète, tellement son deuxième film (La Plage noire) nous avait paru insupportable. Faute d'avoir vu Alors voilà, son début derrière la caméra d'un long-métrage, nous sommes toutefois presque prêts à lui pardonner son égarement précédent, car cette petite frivolité-ci distille un charme étrange auquel il est difficile de résister.
D'abord, Piccoli a fait un effort très appréciable sur la longueur. L'intrigue s'avère ainsi aussi peu événementielle que dans La Plage noire, mais l'action répétitive n'est point étirée inutilement ici. Au contraire, le rythme décalé s'appuie en grande partie sur ces démarches et ces rituels quotidiens qui ponctuent le récit. Certes, il ne se passe pas grand-chose dans la vie de cet homme épicurien, mais ce sont justement les petits détails qui changent et les erreurs dans la routine (la séquence des fleurs presque apportées à la mauvaise femme) qui voient naître un humour espiègle. Un état d'esprit joyeusement salace anime alors tout le film, souligné régulièrement par une chanson emblématique d'Arno ("La vie est une partouze"), et qui ne manque pas de nous faire penser à l'irrévérence d'un Marco Ferreri, chez qui Piccoli avait trouvé un de ses rôles les plus célèbres (La Grande bouffe).
Enfin, le travail sur le décor et la bande son est tout à fait remarquable. Il est aussi épatant d'observer la valse continuelle des portes qui s'ouvrent et qui se ferment et la mécanique à l'intérieur des deux appartements que de se délecter des galipettes du protagoniste. Quant au volet sonore, il privilégie volontairement des bruits non-diégétiques (la mer) et se permet des renvois très astucieux.
Un petit plaisir exquis, mais aussi un peu vain, qui a néanmoins l'énorme mérite de nous faire oublier le douloreux film précédent du réalisateur-acteur.

Vu le 9 janvier 2006, au Club 13

Note de Tootpadu: