Silence des rizières (Le)

Silence des rizières (Le)
Titre original:Silence des rizières (Le)
Réalisateur:Fleur Albert
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:25 janvier 2006
Note:
En 1951, deux militants sont envoyés par le parti communiste français pour soutenir les rebelles vietnamiens contre l'occupant colonial en Indochine. Parmi eux, "André" qui se mariera avec la chanteuse Thuy Cam. De cette union naîtra, juste avant la chute de Dien Bien Phu, Maï qui devra vivre avec un passé trouble et enfoui.

Critique de Tootpadu

La France n'aime pas trop parler des pages sombres de son passé relativement récent (l'Indochine, l'Algérie) ou bien, elle tente même d'occulter ses fautes par des législations douteuses (la controverse il y a peu de temps sur le rôle positif de la colonisation). Derrière cette attitude chauviniste qui préfère voir l'Histoire tout en blanc ou qui stagne dans un gris approximatif et lâche, des hommes et des femmes portent les séquelles d'une politique étrangère peu scrupuleuse. Le cas de Maï, la femme au centre de ce documentaire, est particulier en ce qu'elle est le fruit d'une traîtrise, un enfant sans passé et sans rapport direct à ses origines.
Il y avait donc de quoi raconter une histoire passionnante à travers le retour de Maï dans son pays d'origine après cinquante ans, un voyage miné par le refus du vieux père, ancien militant communiste, de s'exprimer devant la caméra. Les dispositifs retenus par la réalisatrice étaient de même conventionnels (des images d'archives, des entretiens des vieux compagnons d'arme d'André, des prises du retour sur les lieux de nos jours), mais pas obligatoirement inadaptés. Formellement, son film ressemble en effet au Bal des chattes sauvages que nous avons vu juste avant, sans que le résultat ne soit du même qualibre, malheureusement. Ce qui manque au Silence des rizières, c'est une ligne forte ou au moins un point de départ suffisamment développé pour servir d'ancre thématique et émotionnelle par la suite. Au cours des 90 minutes qui paraissent bien plus longues, les pistes de réflexion s'embrouillent et avec elles, le propos de la réalisatrice, qui perd régulièrement pied dans sa juxtaposition d'apparence arbitraire entre les découvertes du présent (la grotte où Maï est née) et les accusations du passé (les prisonniers de guerre français).
Pour résumer, il est fort regrettable qu'un sujet aussi intéressant n'ait pas été traité avec un discernement des enjeux plus aigu et une maîtrise formelle plus stimulante.

Vu le 5 janvier 2006, au Club Publicis

Note de Tootpadu: