Runaway train - à bout de course

Runaway train - à bout de course
Titre original:Runaway train - à bout de course
Réalisateur:Andrej Konchalovsky
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:21 mai 1986
Note:
Depuis trois ans, le prisonnier Manny a été retenu dans une cellule isolée par Ranken, le directeur d'une prison de haute sécurité en Alaska. Lorsqu'il retrouve les autres détenus, il n'a qu'un seul objectif : s'évader avant que Ranken ne le fasse assassiner. Grâce à l'aide de Buck, un jeune boxeur, il réussit à s'échapper. Ensemble, les deux hommes se traînent à travers la neige et le froid jusqu'à une gare de marchandises. Ils se cachent dans un train qui est censé les ramener à la civilisation. Commence alors une course folle qui mettra le désir de liberté des deux évadés à rude épreuve ...

Critique de Tootpadu

Est-ce qu'il est possible de donner un fond existentialiste à un film d'action, c'est-à-dire, de placer un rythme haletant et des choses qui explosent à droite et à gauche dans une optique qui ne vise pas prioritairement l'excitation primaire ? Notre interrogation ne vise point les dérives fantastiques et de science-fiction, qui se targuent parfois d'une philosophie du plus mauvais effet (les deux suites de Matrix). Elle s'adresserait plutôt au film musclé ordinaire, le genre de production qui suit docilement les règles du genre, tout en laissant bourdonner en fond sonore un soupçon de profondeur thématique inespérée.
Ce film intense, initialement préparé par Akira Kurosawa, réussit en tout cas l'exploit de mener un récit sans répit et d'y évoquer régulièrement une vision cynique du monde. Le froid glacial qui sévit dans les décors naturels enneigés de l'Alaska est en effet également présent dans les caractéristiques des personnages peu recommandables. Le ton est donné dès les premières séquences à l'intérieur de la prison où le chaos et le cynisme sont les seules choses susceptibles de chauffer à blanc des criminels au-delà de tout espoir de réinsertion. Et la fuite des deux prisonniers, le rêve qui les faisait survivre dans l'isolation, trouve une fin prématurée lorsqu'ils sont de nouveau enfermés à bord d'une machine infernale. Les circonstances qui déclenchent le drame, tout comme l'affrontement quasiment animal entre Manny et Ranken, ainsi que certaines répliques lourdes de sens et un symbolisme appuyé, s'éloignent cependant des ambitions intellectuelles de l'oeuvre pour mieux s'engager sans frein dans l'exagération.
Car avant tout, Runaway Train représente un formidable plaisir viscéral, un stimulant survitaminé qui va jusqu'au bout de ses excès et de son délire, à l'image de ce train fou, vieux et amoché, qui ne s'arrête pas pour autant. Dans cet état d'esprit libre et rebelle, les interprétations sans retenue s'inscrivent à merveille, en tête Jon Voight qui a du mal à se défaire des vestiges de son aura de bonté naturelle dans son rôle d'un homme abruti par la prison.

Revu le 2 janvier 2006, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: