Vérité nue (La)

Vérité nue (La)
Titre original:Vérité nue (La)
Réalisateur:Atom Egoyan
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:21 décembre 2005
Note:
A la fin des années 1950, Lanny Morris et Vince Collins étaient le duo de comiques le plus célèbre des Etats-Unis. Mais leur partenariat artistique s'était brusquement arrêté, lorsque le corps d'une jeune femme avait été trouvé dans la baignoire de leur chambre d'hôtel. Même si ce décès suspect n'avait jamais pu leur être imputé, les deux hommes ne se voyaient plus depuis cette nuit fatidique.
Quinze ans plus tard, une jeune journaliste ambitieuse, Karen O'Connor, déterre cette sombre affaire afin d'en faire un livre. Alors que Lanny Morris refuse de la recevoir, Vince Collins accepte d'être interrogé contre une forte somme d'argent. Les choses qui resurgiront du passé vont bouleverser l'existence des trois intéressés.

Critique de Tootpadu

Le poids du passé a toujours joué un rôle important dans les films d'Atom Egoyan. Que ce soit le souvenir de l'ancienne copine presque religieusement ranimé par chaque vision de l'enregistrement vidéo dans Calendar, la douleur de l'accident de car scolaire ravivé par l'enquête de l'expert de l'assurance dans De beaux lendemains, ou bien la reconstitution d'une partie du génocide arménien dans Ararat, le cinéaste canadien laisse continuellement peser les actions du passé sur celle du présent. D'où une gravité presque cérémonielle qui imprègne le ton de chacun de ses films, un sérieux qui est sublimé par l'exécution sophistiquée.
Son dernier film, présenté en compétition à Cannes cette année, ne déroge pas à la règle, puisqu'il s'emploie, à travers une structure narrative morcelée, de relier un crime des années 1950 à un projet d'écriture sur justement ce scandale. Les renvois sont par conséquent nombreux et c'est ce travail de détective auquel nous convie le réalisateur qui constitue l'attrait principal du film. Même si la voix off de différents personnages nous mâche un peu trop le travail, il est tout à fait délicieux de s'immerger dans des époques rétro particulièrement bien décrites. Une mention spéciale doit être attribuée dans ce contexte à la photographie sublime qui plonge les méfaits vicieux de l'intrigue dans une lumière et une palette de couleurs presque trop belles.
Enfin, la complexité du récit a parfois tendance à prendre le dessus. Ainsi, même si les prétentions de ce film intelligent et élégant sont parfaitement maîtrisées, il n'échappe pas toujours à un sentiment d'opacité exagérée. Un brin de légèreté en plus n'aurait donc pas fait de mal à cette histoire fidèle au genre.

Vu le 15 décembre 2005, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu: