Thelma et Louise

Titre original:	Thelma et Louise
Réalisateur:	Ridley Scott
Sortie:	Cinéma
Durée:	124 minutes
Date:	29 mai 1991
Note:

Thelma Dickinson et Louise Sawyer mènent une vie moyenne dans un petit patelin au centre des Etats-Unis. Lorsque Louise propose à sa copine de partir pour un week-end à la pêche, c'est l'occasion rêvée pour Thelma d'échapper à son mari Darryl, pantouflard et tyrannique. Mais la virée tourne court, lorsque Thelma se fait molester sur le parking d'un bar.

Critique de Tootpadu

Même si Thelma et Louise n'est pas réalisé par une femme, il compte parmi les rares films hollywoodiens qui déploient une véritable valorisation de l'émancipation. D'ailleurs, nous pouvons nous estimer heureux que ce n'est pas la scénariste Callie Khouri qui l'a mis en scène, tellement ses Divins secrets étaient peu mémorables. Ridley Scott, par contre, livre ici un de ses films les plus réussis et les plus atypiques, tellement l'aspect spectaculaire s'efface au profit d'une observation sociale des plus euphorisantes.
Le problème de ce bijou qui n'a guère pris une poussière en quinze ans est d'ailleurs d'une complexité passionnante. Certes, ce sont deux femmes qui mènent le récit et qui suivent dans des traces de hors-la-loi aussi légendaires que Bonnie et Clyde. Mais est-ce que ce sont réellement elles qui mènent aussi la danse ? Leur histoire est en effet truffée de contradictions, comme ce conseil de Louise aux jeunes filles qu'elle sert de ne pas fumer, alors qu'elle s'allume elle-même une clope dans le plan suivant. Ce conflit constant entre l'existence docile de la ménagère et l'euphorie d'une vie sans contraintes, entre l'attente du retour du copain vagabond et l'assurance que cette vie médiocre n'est plus envisageable, le scénario ne nous le fait oublier à aucun moment. De même, le basculement régulier entre le statut de victime et d'agresseur malgré elles pour les deux héroïnes peu conventionnelles donne au récit une incertitude hautement stimulante. En termes sociaux, le constat du film n'est ainsi guère optimiste, quoiqu'humaniste. Et pourtant, à chaque vision, la cavale de ces deux égéries féministes des temps modernes est extrêmement vivifiante !
La qualité de l'exécution et de l'interprétation ne peuvent expliquer qu'en partie cette affirmation de plus en plus indiscutable d'un classique de la décennie passée. Mise à part la réalisation exemplaire de Ridley Scott, presque jamais autant le maître de ses moyens et du rythme irréprochable du film (avec l'indémodable Alien, bien sûr), la photo splendide mais jamais clinquante d'Adrian Biddle, le montage très précis, sauf pour la fin moins convaincante de ce point de vue, et la musique emblématique d'un Hans Zimmer au sommet de son originalité, font du film un véritable plaisir. Et Geena Davis et Susan Sarandon y trouvent deux rôles en or pour lesquels on se souviendra d'elles encore dans des années, voire des décennies à venir.
Au delà de toutes ces qualités, le film se dresse comme une célébration intelligente et lucide de la notion utopique de liberté. Plus les deux femmes s'enfoncent dans le crime, plus elles et nous, spectateurs, prenons notre pied dans cette course et folle, et élégiaque, à travers les grandes plaines de l'Amérique.

Revu le 7 mars 2006, en DVD, en VO
Revu le 27 août 2009, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: