Forty Shades of Blue

Forty Shades of Blue
Titre original:Forty Shades of Blue
Réalisateur:Ira Sachs
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:07 décembre 2005
Note:
Laura, une jeune femme russe d'une grande beauté, vit depuis une dizaine d'années avec Alan, un célèbre producteur de musique à Memphis et considérablement plus âgé qu'elle. Laura n'ose pas se plaindre de sa situation, alors que sa seule occupation est l'éducation de Sam, leur fils de trois ans. Elle se réveille de son existence inanimée à l'arrivée de Michael, le fils adulte d'Alan, qui prend le temps de réellement lui parler.

Critique de Tootpadu

D'une facture new yorkaise, même s'il se déroule à Memphis, ce film indépendant raconte l'histoire vieille comme le monde de la jeune femme qui tombe pour le fils de son mari âgé. Avec ses cadrages excentriques, son rythme langoureux et son intrigue minimaliste, le deuxième long-métrage d'Ira Sachs se fond parfaitement dans le courant du cinéma intimiste de New York, aux antipodes de l'esthétique hollywoodienne gouvernée par l'efficacité et l'action. Le seul accroche dans ce style typé, l'unique indice qui nous permet de sentir réellement que c'est bien Memphis, la ville du blues, où se déroule le drame conjugal, ce sont quelques numéros musicaux bien filmés mais un peu superflus et perdus dans la structure narrative.
Le cadre importe cependant peu dans la gestion d'une isolation douloureuse. Forty Shades of Blue est avant tout une étude éprouvante de la solitude, du malaise d'une femme qui voudrait croire qu'elle est comblée, mais qui souffre de l'impossibilité de communication avec son conjoint. Très polie et très belle, elle fait office d'un meuble que l'on prend et que l'on jette à volonté. Bien qu'elle soit consciente de ce manque d'intégration humiliant, elle s'en contente faute d'alternatives. Et même l'alternative est empoisonnée, d'où son refus de quitter son foyer douillet et asphyxiant.
Dans ce rôle d'une femme meurtrie, Dina Korzun est d'une intensité à couper le souffle. Derrière sa beauté, un volcan insoutenable de frustration et de solitude gronde qui n'arrive jamais jusqu'à l'éruption. Cette actrice russe très connue dans son pays est une véritable révélation, tellement elle trouve le ton juste pour exprimer le dilemme d'une femme muselée par le confort matériel.

Vu le 28 novembre 2005, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu: