Jarhead - La Fin de l'innocence

Jarhead - La Fin de l'innocence
Titre original:Jarhead - La Fin de l'innocence
Réalisateur:Sam Mendes
Sortie:Cinéma
Durée:124 minutes
Date:11 janvier 2006
Note:
Faute d'alternatives, Anthony Swofford s'est engagé dans l'armée, chez les Marines, pour poursuivre la tradition familiale. Il est retenu pour l'unité des tireurs d'élite qui sont parmi les premiers à déparquer dans la région du golf en 1990, après l'attaque iraquienne sur Koweït. Chauffés à blanc pour enfin en découdre avec l'ennemi, les jeunes soldats devront pourtant attendre de longues semaines avant le début de la guerre. L'oisiveté et l'ennui règnent alors dans le camp. Et lorsque le conflit éclate finalement, il ne dure que quelques jours éphémères qui marqueront Swofford à jamais.

Critique de Tootpadu

A l'heure où le conflit en Irak a depuis longtemps dépassé le point de l'enlisement pour les troupes américaines, la production d'un film sur la guerre de 1990 est à la fois une opportunité en or et un piège fait de toutes sortes de rapprochements risqués. Le troisième film de Sam Mendes est dans ce contexte presque maladivement prudent, afin de laisser filtrer un minimum d'allusions à ce nouveau Viêt Nam qui se dessine à l'horizon de l'Histoire américaine. Une démarche forcément logique, puisque le déroulement de ces deux opérations diffère complètement, mais il nous reste l'arrière-goût décevant d'une occasion manquée qui aurait pu déboucher sur une mise en perspective bien plus vigoureuse que ce constat final qui boucle le récit. L'absence d'une position forte dans un film qui entretien des liens peut-être involontaires, mais néanmoins inévitables avec l'actualité la plus brûlante et la plus infestée de polémique, ne peut que se retourner contre lui.
Cet inconvénient mis de côté, l'histoire d'Anthony Swofford peine également de nous enthousiasmer par son aspect passif et par une exécution d'une solidité un peu molle. A l'opposé de l'action haletante de La Chute du faucon noir, l'autre film de guerre américain récent qui traite des opérations controversées des forces armées, il ne se passe pas grand-chose pendant les trois temps forts de l'intrigue. L'ennui qu'éprouvent des milliers de soldats pendant des mois d'attente en plein désert ne devient cependant jamais réellement palpable pour le spectateur, ni la chaleur étouffante d'ailleurs qui est contré par une hydratation régulière et un ordre vestimentaire qui nous permet d'admirer tous ces hommes amplement musclés. Nous assistons avec un certain intérêt à l'oisiveté et aux corvées des hommes, à la baisse de morale généralisée et ponctuée par l'infidélité progressive des copines et épouses, mais il manque au film ce plus difficilement identifiable qui le rend unique et engageant. La même chose peut être affirmé en vue de la première partie sur l'instruction qui ressemble de trop à une version diluée du début de Full Metal Jacket. Uniquement cette drôle de guerre, qui s'arrête pour l'infanterie avant même qu'elle n'ait commencé, présente des caractéristiques saisissantes.
C'est ici que se trouvent les moments d'une intensité bouleversante et d'une absurdité effrayante qui justifient tout le film. Quitte à recourir à une esthétique un peu tapageuse, Sam Mendes synthétise admirablement l'horreur et l'ironie de la guerre, ainsi que la recherche d'identité d'une génération privée d'une bataille tangible et d'une culture propre. Alors, toutes les poses d'une virilité exacerbée et tout le code d'honneur des Marines se trouvent confrontés à une réalité peut-être plus dure que la mort sur le champ de bataille : la nature vaine et cruelle d'une guerre inutile. Si seulement le scénario ou la mise en scène avait trouvé les mots ou les images justes pour sortir cette conclusion amère du cadre restreint de la première guerre du golf et la lier à la deuxième, bien moins glorieuse et propre ... En tout cas, son impact est sensiblement amoindri par un épilogue peu convaincant qui ravive les notions de camaraderie largement célébrées pendant le film.
Pour finir, encore deux points qui reflètent parfaitement la solidité peu originale de l'oeuvre. D'abord, la sélection musicale laisse à désirer, tellement elle recycle des morceaux et une partition qui renforcent le handicap du déjà-vu. Ainsi, pratiquement chaque chanson qui accompagne le récit a déjà été utilisée auparavant au cinéma, au point de disposer d'une identité filmique qui s'accommode mal avec son emploi ici. Ensuite, au sein d'une distribution elle aussi solide, mais elle aussi sans éclat, seul Jamie Foxx se démarque dans un rôle qui rappelle le sergent Foley dans Officier et gentleman, en plus réfléchi et moins menaçant.
Pas du tout un mauvais film, cette épopée de guerre hésitante manque néanmoins d'innover le moindre élément de son genre.

Vu le 25 novembre 2005, à la Salle UIP, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder



Score: Du cinéma qui jouit en disant des gros mots, dont le dernier opus de Sam Mendes est un élève brillant.

Studio Magazine: Parfaitement documenté, ce cocktail d'histoire, d'humour noir et d'émotions fortes est déjà un classique.

Les Inrockuptibles: Regard critique sur la bêtise mécanique de la vie militaire et sur l'absurdité d'une guerre contre un ennemi invisible.



Mulderville - Mulder:

Tout ce film est bâti sur l'aberration de la guerre vu à travers les yeux d'un homme intelligent (Anthony Swofford, 20 ans) qui, après avoir subi un entraînement poussé, est envoyé en pleine Guerre du Golfe. On va se rendre compte en même temps que lui à quel point cette guerre économique est d'une stupidité absolue et a pour unique vocation de défendre les puits de pétrole menacés...

Ce film pourrait être facilement comparé à MASH par sa vision antimilitariste, mais ce serait oublier que ce film est réalisé par l'un des réalisateurs les plus intéressants et doués actuellement : Sam Mendes. Le réalisateur du chef-d'oeuvre intemporel qu'est American Beauty. Il est remarquable que ce réalisateur sait choisir de bons acteurs et les pousser à leur sommet, tel fut le cas pour Kevin Spacey dans le film cité au-dessus et tel est le cas à nouveau avec Jake Gyllenhaal dans ce film.

Aux qualités de ce film, il faut également faire prévaloir la superbe musique ponctuée de chansons que tout le monde connaît et qui nous renvoie donc à notre passé et qui fait que nous sommes avec ces soldats sur le front...

Film à voir et à revoir impérativement en salle même si le DVD zone 1 est sorti récemment...

Vu au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder: