Bûcher des vanités (Le)

Bûcher des vanités (Le)
Titre original:Bûcher des vanités (Le)
Réalisateur:Brian De Palma
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:13 mars 1991
Note:
Sherman McCoy, un des hommes les plus privilégiés de New York, se retrouve au coeur d'un scandale autour d'un délit de fuite. Puisque la victime est un jeune homme noir, toute la communauté du Bronx s'investit dans l'affaire, y compris le procureur général d'origine juive qui espère gagner la prochaine élection grâce à sa sévérité contre un accusé blanc. En même temps, le journaliste alcoolique Peter Fallow profite de cette dégringolade sociale d'un riche pour raviver sa carrière d'écrivain.

Critique de Tootpadu

Un désastre commercial et un des favoris pour les "Framboises" du plus mauvais film l'année de sa sortie, cette adaptation du roman de Tom Wolfe prouve que Brian De Palma n'est pas du tout à l'aise dans le genre comique. Les dégâts ne sont pas aussi importants que lors de ses autres incursions malencontreuses en territoire comique - Wise Guys n'est pas pour rien une des oeuvres les plus obscures de sa filmographie -, mais les imperfections et autres maladresses sont assez dominantes pour gâcher les quelques moments de plaisir. En tant que réalisateur chévronné du thriller viscéral, qui ne lésine point sur ses moyens, De Palma s'accomode en effet assez mal des exigences de légèreté et d'esprit qu'impose ce regard mordant sur les interactions sociales et raciales dans une métropole.
Accablé d'un rythme atrocement inégal, le film ne s'approche ainsi jamais du niveau sophistiqué d'une critique piquante des hautes sphères et des bas instincts dans la ville de New York que lui propose le matériel d'origine. Après des débuts dignes d'un film d'horreur, la direction de la narration est constamment en suspens et péniblement à la traîne par rapport à un scénario, perfectible lui aussi, qui s'efforce au moins de briller brièvement. De Palma paraît complètement perdu au sein d'une structure et d'un ton ironique qui sont à l'opposé absolu de son terrain de prédilection habituel. Les rares éclats de génie prennent alors l'aspect de coïncidences heureuses, de manifestations d'un hasard bienveillaint au milieu d'un désordre formel frustrant. Cette incapacité de mener un récit plein de subtilités et de sous-entendus par une main de maître assurée est d'autant plus désolante qu'elle est le travail d'un cinéaste normalement très ferme dans ses choix stylistiques. Ici, la multitude de (contre-)plongées et autres compositions de plan laborieuses écrase au contraire le rythme déjà mal en point du film.
La lourdeur de la mise en scène vite essoufflée se répercute évidemment sur le ton du film et sur les interprétations. Dans un contexte de brouhaha formel les tirades affectées dont regorge le film passent à côté de leur vocation satirique et ne font finalement que renforcer l'aspect artificiel des personnages. Ces derniers, engagés dans un affrontement de stéréotypes détournés sans doute stimulant sur le papier, ont le plus grand mal à faire vibrer cette parabole complexe. La distribution prestigieuse, jusqu'à une apparition de la toute jeune Kirsten Dunst, ne fait alors guère honneur au potentiel de l'histoire, faute d'une direction inspirée. Et pourtant, dans son centre se trouve probablement la dernière interprétation osée de Tom Hanks, le lien parfait entre ses origines comiques, pratiquement oubliées de nos jours, hélas, et la poursuite de sa carrière en tant qu'acteur sérieux bien comme il faut.
Une relique peu séduisante des années 1980, dont il possède encore tous les caractéristiques, ce film est l'ancêtre démuni d'une satire raciale bien plus réussie : Bulworth de Warren Beatty. Cependant, le fait d'observer tous les éléments s'arranger avec autant de peine, et pour un résultat aussi médiocre, constitue une expérience cinématographique instructive, dans le sens d'un avertissement.

Revu le 18 novembre 2005, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: