Protocoles de la rumeur (Les)

Protocoles de la rumeur (Les)
Titre original:Protocoles de la rumeur (Les)
Réalisateur:Marc Levin
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:23 novembre 2005
Note:
Après les attentats du 11 septembre 2001, des voix se sont levées pour accuser les Juifs de comploter en vue de la domination du monde, basées sur le texte de la fin du XIXème siècle, "Les protocoles de Zion". En effet, la légende s'est vite répandue qu'aucun Juif n'a été tué pendant la destruction du World Trade Center, grâce à l'avertissement contenu dans cet écrit obscur. Le réalisateur d'origine juive Marc Levin est alors parti, en compagnie de son père, à la recherche des raisons pour cette nouvelle montée de l'antisémitisme.

Critique de Tootpadu

L'antisémitisme est presque aussi ancien que le peuple juif lui-même, bien que le terme soit assez récent. Toujours est-il que des divagations haineuses ont existé à tout âge, des excuses bien trop faciles pour imputer des faits indésirables aux adeptes du judaïsme. A partir de la résurgence de cette discrimination au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, le cinéaste américain Marc Levin s'est interrogé sur les origines de cette haine et il s'est entretenu avec des personnes qui en font la promotion. Son point de départ était l'apparition systématique, dans ces incitations à la persécution, de la référence aux "Protocoles de Zion", un pamphlet qui conte l'élaboration de plans de domination de la part des Juifs.
Cette prémisse prometteuse, Levin la perd en cours de route, à cause d'un éparpillement qui dilue considérablement son propos. A mi-chemin entre une étude personnelle des racines juives et une enquête sur les manifestations de la haine antisémite dans le monde contemporain, son documentaire ne suit point une ligne claire, mais s'égare par ici et par là, dès que l'occasion d'une digression se présente. La partie du film qui traite des souvenirs du père manque ainsi de pertinence dans le cadre de l'exploration de la paranoïa post-11 septembre, et inversement. Cette impression d'une absence d'objectifs clairs se manifeste par conséquent à chaque facette supplémentaire du sujet que Levin tente d'aborder. Face à une structure aussi arbitraire, ce ne sont même pas les interventions peu convaincantes qui constituent le frein principal à l'adhésion au traitement d'un problème d'une grande complexité.
Car Levin s'adresse parfois aux personnes dignes d'intérêt dans ce contexte, mais ses questions laissent trop la haine et les préjugés s'exprimer, au lieu de chercher un semblant de rationalité dans ces discours issus d'une propagande subtile. Plutôt que d'afficher ses convictions pacifistes et d'enregistrer les manifestations de cultures et d'idéologies opposées, il aurait peut-être mieux fait de se limiter à une seule manifestation de ce vaste problème qu'était, qu'est et que sera malheureusement encore pour un temps indéfini l'anitsémitisme.

Vu le 15 novembre 2005, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: