Chute de la maison Usher (La)

Chute de la maison Usher (La)
Titre original:Chute de la maison Usher (La)
Réalisateur:Jean Epstein
Sortie:Cinéma
Durée:61 minutes
Date:05 octobre 1928
Note:
Sir Roderick Usher est le dernier de sa lignée, la famille des Usher accablée d'une maladie héréditaire. En effet, à chaque génération un descendant est contraint de peindre le portrait de son épouse. Roderick s'est mis à l'oeuvre avec Madeleine, sa femme, mais le tableau dispose d'un pouvoir étrange. A chaque coup de pinceau, l'effigie paraît plus vivante, tandis que Madeleine tombe de plus en plus malade. Allan, un ami visiteur, s'inquiète de cette évolution à laquelle le médecin de famille ne trouve aucune explication.

Critique de Tootpadu

L'horreur dans ce petit chef-d'oeuvre du début du genre se trouve quelque part entre les images. A l'opposé d'un Nosferatu, auquel il fait néanmoins penser de temps en temps, il n'a pas réellement recours aux éléments habituels de l'épouvante. Le déchaînement des forces de la nature et le retour d'entre les morts y sont certes présents, mais le pouvoir de fascination, l'attirance magnétique qui nous fait dévorer pratiquement chaque image viennent d'ailleurs. C'est que Jean Epstein est, en dehors de son travail de théoricien du cinéma, un ingénieux compositeur d'images, tel un enfant qui n'a jamais fini d'expérimenter avec les possibilités inépuisables des mouvements de caméra, du montage et des effets.
Cette folie inspirée du style ne prend à aucun moment la pose de la prétention, mais elle s'efforce, avec une confiance complète en le pouvoir du cinéma, à créer une atmosphère et un ton éminemment mystérieux. L'intrigue de base, une adaptation d'Edgar Allan Poe, est ainsi vite devancée, à coups de baguette magique d'un inventeur hors pair du cinéma. Montage associatif rapide, surimpressions, mouvements hallucinants de la caméra, gros plans en guise de loupe : les prouesses stylistiques ne manquent point. Mais là où Epstein dépasse largement le simple exercice formel, c'est dans sa capacité de garder une fraîcheur remarquable, jusqu'à nous faire croire qu'un nouveau langage cinématographique se développe sous nos yeux.

Vu le 4 novembre 2005, à la Cinémathèque Française, Salle Jean Epstein

Note de Tootpadu: