Saveur de la pastèque (La)

Saveur de la pastèque (La)
Titre original:Saveur de la pastèque (La)
Réalisateur:Tsai Ming-Liang
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:30 novembre 2005
Note:
Suite à une sécheresse sans précédent, l'eau devient rare à Taiwan, au point de la remplacer par du jus de pastèque. Ce fruit est également un des objets qui figurent dans un porno dans lequel un jeune homme joue dans un immeuble. Quelques étages plus bas, il rencontre une jeune femme, une connaissance dont il s'éprend au cours de cette saison torride.

Critique de Tootpadu

Il vaut mieux relativiser le terme "comédie musicale" pour évoquer ce dernier film de Tsai Ming-Liang, primé à Berlin. Ne vous attendez en effet pas à de l'exubérance et à un rythme enjoué. Les quelques séquences musicale peuvent, à la limite, être décrites de la sorte, même si seulement une ou deux (le port & les toilettes) épousent vraiment la frénésie propre au genre, avec un traitement plus langoureux pour les autres. Mais dans l'essentiel, cette oeuvre étrange reste fidèle au style très lent et contemplatif du cinéaste taiwanais. L'ajout de la musique, en guise de paroles dans un film particulièrement pauvre en échanges vocaux, ne fait qu'enrichir l'univers de Tsai d'une façon très curieuse, tout comme l'inclusion abondante du porno.
Ce choc brutal de deux genres ne fait par contre pas oublier la préoccupation principale du réalisateur. Toujours tout près des corps et de leur place dans un environnement urbain filmé à la perfection - rien que le premier plan est magnifique - Tsai tente d'approcher la présence fugace de ses acteurs à travers une sensualité pesante. La longueur de ses plans se répercute au poids des corps qui avancent mollement dans la chaleur estivale. Son rapport à la durée et au mouvement, ses personnages prisonniers d'espaces exigus et de mécanismes primaires (les mouvements répétitifs du porno, même avec une partenaire inconsciente) en font un des cinéastes les plus intéressants et exigeants quant au rapport corporel dans le cinéma contemporain.
Derrière le corps se cache toujours la tourmente des sentiments, comme dans son film d'une force dépressive exceptionnelle, Vive l'amour. Ici, l'humour dérisoire clôt de façon douce-amère deux des trois séquences de tournage de porno, alors que la dernière débouche sur un moment particulièrement éprouvant, une preuve supplémentaire que Tsai fait toujours fi de la moindre concession. Mais il fallait bien s'y attendre avec ce mélange incongru de deux, voire trois genres très disparates dont la symbiose a un peu de mal à convaincre.

Vu le 3 novembre 2005, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: