Rage

Rage
Titre original:Rage
Réalisateur:David Cronenberg
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:03 août 1977
Note:
Rose, une jeune et belle femme, est grièvement blessée dans un accident de moto. Transportée d'urgence dans une clinique de chirurgie esthétique toute proche, elle subit une opération risquée qui se base sur des greffes de peau importantes. Une fois sortie du coma, Rose se rend compte qu'elle a changé et qu'une soif permanente de sang l'anime. Les victimes de ses repas parasites développent rapidement une forme de rage, une épidémie qui se répand de façon alarmante dans la région de Montréal.

Critique de Tootpadu

En dépit d'une certaine nervosité de jeunesse, tous les thèmes qui feront de l'oeuvre de David Cronenberg un corpus de films aussi consistant que dérangeant sont déjà présents dans ce cauchemar issu du début de sa carrière. Le récit a ainsi tendance à partir dans tous les sens, à se vanter presque du désordre dans les différents fils de la narration. Mais l'essentiel s'y trouve avec une telle insistance que la plupart des réalisations ultérieures du maître canadien en empruntent des motifs primordiaux.
La contagion, l'univers clinique, le lien étroit entre l'amour et la violence, la folie, autant de sujets forts autour desquels Cronenberg va décliner ses films par la suite. Et dans cet univers déréglé, la raison est le moindre des soucis comme plus tard dans les autres contes fantastiques du cinéastes. La question qui nous galvanise, qui nous choque et qui fait ressortir nos peurs primaires, ce n'est pas de savoir d'où ce syndrome maléfique vient, mais d'en observer, tétanisés, les conséquences sans bornes. Cronenberg se profile, dès le début, comme un manipulateur féroce de pulsions viscérales, autant à l'écran que dans la salle. Le sexe et la violence, symbolisés ici par cet engin extrêmement curieux dont dispose le personnage principal, forment un ménage à la fois révoltant et fascinant. Et le malin plaisir du cinéaste à souligner l'impuissance de la race humaine face à l'épidémie, non sans une dose conséquente de pessimise, est presque palpable.
Tourné bien avant le déclenchement public d'une maladie infectieuse importante, le SIDA, ce film fonctionne néanmoins très bien comme une variation sur le traitement sommaire de la maladie infectieuse, sur les mécanismes d'exclusion et sur le trauma psychologique des victimes (la pulpeuse Marilyn Chambers).

Vu le 2 novembre 2005, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: