Amants réguliers (Les)

Amants réguliers (Les)
Titre original:Amants réguliers (Les)
Réalisateur:Philippe Garrel
Sortie:Cinéma
Durée:184 minutes
Date:26 octobre 2005
Note:
En 1968, François, un jeune poète, participe aux émeutes des étudiants au mois de mai. Profondément désillusionné après leur échec relatif, il tombe amoureux de Lilie, une jeune sculpteuse. Les deux amants passent leur temps dans la villa d'Antoine, un riche ami et mécène qui fournit toute la petite communauté d'artistes, d'étudiants et d'anarchistes autour de lui en drogues.

Critique de Tootpadu

L'esprit de mai '68, Philippe Garrel l'a connu de première main, puisqu'il avait exactement le même âge que le personnage principal de son dernier film, primé à Venise, au moment des faits. Et les liens personnels, voire autobiographiques, ne s'arrêtent pas là, car des membres de sa famille jouent des rôles clefs, notamment son fils qui interprète le protagoniste, un jeune homme sensible et quelque peu déboussolé par cet événement marquant. Le ton de l'époque, Garrel tente de le raviver avec beaucoup d'application à travers une photo en noir & blanc qui rappelle justement les films tournés après l'éclosion de la Nouvelle vague. Il s'inspire enfin de ce mouvement artistique disparate, au point de créer une oeuvre qui aurait très bien pu être réalisée il y a trente ans.
Mais ces bonnes intentions artistiques et ces ambitions intellectuelles ne suffisent point pour animer sur la durée un film fleuve. A notre avis, pour imposer au spectateur trois heures de cinéma, il vaut mieux avoir de bonnes raisons, ainsi qu'un projet exigeant et stimulant qui tient sur la distance. Quelques séquences tout à fait réussies mises à part (le petit déjeuner avec les parents, l'audience, le paiement des contraventions), le film s'éternise dans des répétitions ennuyeuses, essentiellement autour du groupe d'amis qui traine dans les locaux spacieux d'Antoine en train de fumer toutes sortes de drogue. Il confirme alors volontairement le préjugé sur le cinéma intellectuel, qui montre des jeunes prétentieux, fumant des joints en philosophant sur la vie et l'amour. Malheureusement, les rares constats lucides surgissent une fois par heure, de quoi être enfoncé dans une somnolence agacée le reste du temps.
Un film trop long, dans lequel il ne se passe rien et qui véhicule une image exsangue de l'anarchie sans repère : à réserver aux intellectuels endurcis et aux nostalgiques téméraires de l'époque.

Vu le 1er novembre 2005, au Saint-Germain-des-Prés

Note de Tootpadu: