A travers la forêt

A travers la forêt
Titre original:A travers la forêt
Réalisateur:Jean Paul Civeyrac
Sortie:Cinéma
Durée:62 minutes
Date:12 octobre 2005
Note:
Renaud, le copain d'Armelle, s'est tué dans un accident de moto. La jeune femme pense le voir encore dans son lit des semaines plus tard. Sa soeur l'emmène alors chez un médium qui essaie de rentrer en contact avec le défunt. Depuis, Armelle n'a plus de nouvelles de Renaud, par contre, elle pense reconnaître son amant sous les traits d'Hippolyte, un étudiant qui fréquente la même fac que sa soeur.

Critique de Tootpadu

Quelle étrange affaire que ce moyen-métrage mystérieux et envoûtant ! Le ton déjà bien décalé qui nous avait interpellé dans Fantômes, le seul autre film de Jean Paul Civeyrac que nous avons vu, est encore plus prononcé ici. Avant même que la mort ne fasse son entrée dans ce conte fantastique, les choses paraissent bizarres, comme empressées de rejoindre cette réalité parallèle qui précipitera la dernière partie du film dans le domaine de l'interrogation perplexe et du rêve éveillé. Ainsi, la conversation matinale qui ouvre le film laisse subtilement gronder un malaise qui s'abattra avec l'arrivée des nuages. Il s'en dégage une poésie et une personnalité filmique qui placent Civeyrac parmi les cinéastes français les plus curieux.
Si ce qu'il raconte dans cette histoire potentiellement lugubre peut étonner, la surprise est encore plus grande en vue de la façon peu conventionnelle de filmer. Séparée en dix chapitres, comme pour mieux guider le spectateur peu familier d'une durée d'une heure seulement, l'histoire se déroule loin des conventions narratives les plus élémentaires. La raison de ce deuil entêté n'est pas la logique, mais la volonté onirique de la protagoniste, tout comme la vision particulière du réalisateur. L'accomplissement majeur de Civeyrac est qu'il obtient une atmosphère aussi indescrptible et étrange à partir d'éléments très simples : l'emploi soutenu de musique moderne, une seule échelle de plan et des plans séquences pondérées.
Enfin, dans le rôle principal la jeune Camille Berthomier est exceptionnelle, puisqu'elle arrive à nous entraîner, presque malgré nous, dans son délire morbide.

Vu le 25 octobre 2005, à l'Espace Saint-Michel, Salle 2

Note de Tootpadu: