Weather Man (The)

Weather Man (The)
Titre original:Weather Man (The)
Réalisateur:Gore Verbinski
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:30 novembre 2005
Note:
Théoriquement, tout devrait réussir dans la vie de David Spritz : il est le Monsieur Météo de Chicago, avec une offre de passer prochainement à une chaîne nationale, il est le fils d'un écrivain célèbre et il a une famille adorable. Seulement, sa notoriété publique lui vaut des attaques régulières avec toutes sortes de nourriture, son père pense qu'il a raté sa vie, sa femme l'a quitté et ses enfants passent par tous les stades difficiles de la puberté. David ne rêve alors plus que d'une chose : remonter la pente.

Critique de Tootpadu

Nager contre le courant des productions calibrées de Hollywood comporte son lot de risques. Au mieux, on fait sensation en produisant un film qui ouvre une nouvelle brèche, au pire, on perd beaucoup d'argent tout en s'attirant les foudres de la critique et du public qui reste absent. En vue de ce film profondément déprimant, la deuxième option paraît plus probable, puisque sa sortie frileuse en France sur moins de dix copies a bien pris la température de l'accueil glacial qu'il a reçu aux Etats-Unis. Rien d'étonnant toutefois à cette réaction négative face à un film particulièrement mal aiguillé.
L'objectif du scénario était probablement au début de dresser un état des lieux de la culture américaine, de s'attaquer à des sujets aussi prisés que la télévision, la famille et les fléaux sociaux qui sont la pédophilie, la délinquance, la drogue, le divorce et la précocité sexuelle. De faire une sorte d'American Beauty II, en quelque sorte. Mais pour se démarquer un peu, il faillait un ton satirique et une entité qui rassemble ce fourre-tout désordonné. Les deux solutions retenues s'avèrent hélas catastrophiques. Il est certes possible de détecter par moments une volonté désespérée de tourner en dérision cette existence pitoyable, mais le résultat est contraire aux espérances puisqu'il renforce encore l'aspect antipathique de l'histoire. Et nous n'avons pas de souvenirs frais d'un protagoniste aussi creux et désagréable dans un film grand public américain que ce David Spritz, constamment au bord de la dépression nerveuse. Ces maladresses de conception ne sont nullement occultées par une inventivité débordante du scénario qui rajoute sans cesse des éléments de mauvais goût. Outre la surcharge en problèmes de société qui préoccupent les Américains, il faudra ainsi subir le motif récurrent de la nourriture jetée et une suite ininterrompue de situations qui tournent au désastre. Dans ce sens, ce Weather Man de mauvaise augure fait partie des films où l'on s'attend toujours au pire. Le fait que ce n'est pas chaque fois le pire, mais parfois aussi strictement rien qui n'arrive, en fait une expérience fortement ennuyeuse.
Le déséquilibre précaire du scénario aurait exigée une mise en scène plus précise et vigoureuse que celle de Gore Verbinski qui se contente, comme d'habitude, à filmer sans la moindre motivation. Et la superficialité agaçante de Nicolas Cage, dans un rôle qui ne l'est pas moins, n'est point contrebalancée par l'interprétation assez honorable de Michael Caine, en vieux patriarche mourant.
Peut-être au début le projet d'une satire de famille mordante et agile, ce film se comporte en fin de compte plutôt comme la couche de glace sur le lac Michigan au début : mollement. Et puisqu'il y est question de "fast food", nous aurions plutôt tendance à considérer ce genre de film comme de la mal bouffe cinématographique.

Vu le 3 novembre 2005, à la Salle UIP, en VO

Note de Tootpadu: