Temps qui reste (Le)

Temps qui reste (Le)
Titre original:Temps qui reste (Le)
Réalisateur:François Ozon
Sortie:Cinéma
Durée:81 minutes
Date:30 novembre 2005
Note:
Romain, un photographe de 31 ans, tombe brutalement malade. Il apprend alors qu'il n'a plus que quelques mois à vivre. Refusant de s'engager dans une thérapie qui n'a que peu de chances de réussir, il n'ose pas non plus apporter la mauvaise nouvelle à ses parents, à sa soeur ou à son copain. Seule sa grand-mère, qu'il croit aussi proche de la mort que lui-même, a droit à cette confidence funeste.

Critique de Tootpadu

Les films qui risquent de nous déprimer nous font peur. Ainsi, cette histoire triste d'un homme au début de la trentaine, pédé et un peu nihiliste, est bien trop proche de notre situation personnelle pour ne pas avoir un impact direct. Que ferions-nous si le coup désastreux de la maladie fatale et incurable nous arrivait là, maintenant, alors que la fin de notre vie semble encore raisonnablement lointaine ?! Ce n'est pas le huitième long-métrage de François Ozon qui nous donnera des conseils pour mieux gérer cette situation de crise, et tant mieux, puisque son propos est bien plus simple et d'une beauté concise et désarmante.
La pudeur y prend en effet la place du pathos que l'on cherchera en vain pendant les derniers jours de la vie d'un homme résigné. Le regard qu'Ozon porte sur son personnage principal est ainsi d'une neutralité tout à fait remarquable. Le dépouillement du style, dans la même veine que la pureté impeccable de Sous le sable, s'interdit tout apitoiement. Ce qui ne veut pas dire que le réalisateur oublie de nous faire ressentir de la sympathie pour son protagoniste imprévisible, qui s'occupe pendant ses derniers jours de façon assez banale. La tristesse ne se transforme ni en pulsions suicidaires, ni en un élan de bonté altruiste, mais elle se traduit par une nostalgie mélancolique et un retrait éclairé de la vie. Le but de ce film par moments magnifique, qui sait se ressaisir chaque fois qu'il risque de divaguer, est simplement d'accompagner un homme dans son voyage très calme vers la mort assurée. Grâce à la mise en scène pointue de François Ozon, directe et simple, mais pas artificiellement épurée, cette démarche revêt une dignité hors pair.
Dans le rôle principal, Melvil Poupaud excelle à garder son personnage à une distance extrêmement juste du spectateur. Il ne s'efforce pas à le rendre moins antipathique, mais il n'en fait pas non plus un ange de la mort démoniaque. Au final, ce Romain est un être humain comme tous les autres, imparfait et passablement lâche, à qui arrive un drame qui reste malgré tout assez ordinaire. Et pourtant, sous la direction subtile de François Ozon, son histoire devient de plus en plus belle, car il accepte de plus en plus sereinement l'idée de mourir.

Vu le 8 décembre 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 4

Note de Tootpadu: