Eve

Eve
Titre original:Eve
Réalisateur:Joseph L. Mankiewicz
Sortie:Cinéma
Durée:139 minutes
Date:27 avril 1951
Note:
La jeune actrice Eve Harrington est sur le point d'obtenir un prestigieux prix de théâtre. L'occasion pour ses détracteurs et ses supporters de revenir sur les mois qui ont précédé à cette consécration immédiate. Encore à l'automne dernier, la jeune femme n'était qu'une admiratrice inconditionnelle de la légende de la scène Margo Channing. Grâce à l'intervention de Karen, l'épouse de l'auteur à succes Lloyd Richards, Eve a pu gagner la confiance de son idole et monter plus ou moins vicieusement les échelons du monde fermé du théâtre.

Critique de Tootpadu

Il nous aura tout de même fallu quatre ou cinq visionnages avant de réellement cerner le génie de cette merveille de Joseph L. Mankiewicz. Comme quoi il n'est jamais trop tard pour revisiter des films exceptionnels pour mieux se rendre compte à quel point ils sont extraordinaires ! Désormais, Eve brillera au sommet de nos préférences cinématographiques, en tant que meilleure oeuvre d'un des plus intelligents cinéastes hollywoodiens, jusqu'à ce que Le Limier, aussi admiré mais pas encore aussi aimé, l'y rejoigne.
Cette lente appropriation de notre part d'un film pourtant fermement enraciné dans les classiques du Septième art provient peut-être de son style extrêmement sophistiqué. L'esprit que Mankiewicz dispense sans modération et dans ses répliques excellentissimes, et dans sa mise en scène soignée, fait à première vue de cette histoire d'une usurpation machiavélique un plaisir intellectuel. Les dialogues pétillants ne s'arrêtent ainsi jamais dans cette observation un brin cynique et joyeusement désabusée du monde du spectacle. Il n'existe probablement plus personne à notre époque, plus d'un demi-siècle après la sortie d'Eve, qui sait manier la plume de l'écriture cinématographique avec autant d'assurance et de richesse que Joseph L. Mankiewicz. En somme, ce travail-ci représente sans doute le scénario parfait : ingénieux, savamment complexe, et pas dépourvu d'un humour ironique qui relativise le sérieux de l'ensemble.
Tout cela, on le savait déjà et on n'avait que de l'admiration pour la finesse cérébrale du cinéaste. Mais cette fois-ci, probablement pour la première fois, c'est la mise en scène tout aussi magistralement ciselée qui nous a séduits jusqu'au plus haut point ! Elle ne fonctionne plus que comme le véhicule convenable d'une histoire exquise, mais elle devient un élément vital de la narration. Plus que de la fluidité, elle apporte la qualité suprême de la classe à une trame scénaristique irréprochable.
Enfin, les interprétations sont, elles aussi, d'une vitalité difficilement égalable. Impossible d'y trouver une favorite entre Bette Davis en grande dame glamoureuse au bord du vieillissement, Anne Baxter en petite souris effacée qui devient un rat redoutable, et Celeste Holm en meilleure amie qui se laisse trop facilement manipuler. Face à ce trio de femmes fortes, sporadiquement renforcé par une Thelma Ritter hilarante, les hommes font presque pâle figure, avec seul George Sanders en critique amer qui arrive à tirer son épingle du jeu.

Revu le 14 avril 2006, en DVD, en VO
Revu le 14 août 2006, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: