Josey Wales hors-la-loi

Josey Wales hors-la-loi
Titre original:Josey Wales hors-la-loi
Réalisateur:Clint Eastwood
Sortie:Cinéma
Durée:133 minutes
Date:01 octobre 1976
Note:
En pleine guerre de sécession, la femme et le fils du fermier Josey Wales sont assassinés par des brigands nordistes. Le veuf meurtri s'engage alors auprès des sudistes pour venger sa famille. A la fin de la guerre, il refuse de se rendre au vainqueur et il se réfugie dans les territoires indiens.

Critique de Tootpadu

Lorsqu'il reprenait la direction de ce western crépusculaire des mains du scénariste Philip Kaufman, Clint Eastwood avait déjà quatre films en tant que réalisateur derrière lui. Sans être le cinéaste amplement encensé qui rafle les Oscars à la pelle de nos jours, il commençait déjà à s'affirmer derrière la caméra, à emprunter la voie qui allait vraiment être la sienne, bien plus que ses rôles mythiques qu'il venait d'interpréter. Dans son deuxième western, après le plus sombre Homme des hautes pleines, il s'emploie ainsi à dresser un portrait sans concessions de l'ouest tout en évoquant le destin d'un homme dévoré par la soif de vengeance.
Presque avant l'heure, ce minage des canons du genre fait preuve d'une grande maturité. Jamais un amateur de l'esbroufe et de l'exagération, Eastwood se démarque par son implication qui délaisse toutefois les poses du réalisme, qu'il soit neutre ou exacerbé. Le mélange précis de drame et de comédie, d'une misère omniprésente et de moments de paix et de joie excessivement rares, contribue admirablement à donner une impression crédible de la vie dans l'ouest américain. Les truands sont sales et moches, le seul personnage civilisé regrette amèrement de s'être fait avoir par cette ruse de l'homme blanc, et les grands mythes, que ce soit l'honneur de l'armée ou la promesse de l'or, viennent juste de rendre l'âme. L'absence de complaisance ne mène par contre pas automatiquement à l'extrême inverse, c'est-à-dire une noirceur pessimiste sans espoir de rédemption. Eastwood n'était pas encore arrivé au moment du chant de cygne définitif d'un genre, à son chef-d'oeuvre incontestable et d'ailleurs son dernier western à ce jour : Impitoyable. Des ombres prémonitiores s'abattent certes épisodiquement sur le récit et le destin de l'anti-héros, que le réalisateur campe avec une impassibilité de surface admirable de tourments intérieurs, reste incertain. Mais les aspects positifs dominent grâce à un ton ironique des plus jouissifs et la foi en la capacité des personnages de changer et de s'adapter.
L'impression d'une mise en scène mûre a beau briller de mille éclats, il demeure un sentiment de quelques inégalités au cours du film. Eastwood maîtrise ainsi parfaitement le rythme à l'intérieur même d'une séquence, comme le démontrent par exemple le générique du début ou le montage astucieux des tirs successifs de Wales. Mais sur la longueur, il lui manque encore le souffle épique, la densité du style, pour être à l'abri d'un manque de continuité. Les pièces qui forment le film sont par conséquent légèrement supérieur à celui-ci dans son ensemble.

Revu le 17 octobre 2005, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: