Toute la ville est coupable

Toute la ville est coupable
Titre original:Toute la ville est coupable
Réalisateur:R.G. Springsteen
Sortie:Cinéma
Durée:83 minutes
Date:19 avril 1967
Note:
Le marshal Johnny Reno se rend à la bourgade de Stone Junction pour y retrouver la femme qu'il avait jadis quittée, Nona Williams. En chemin, il se fait attaquer par les frères Conners, recherchés pour le meurtre du fils du chef indien dans la petite ville. Il tue l'un d'entre eux et ramène l'autre avec lui. Mais à son arrivée à Stone Junction, les habitants ne veulent pas de lui, ni de son prisonnier encombrant. Une hostilité qui a des raisons cachées, alors que Reno devra affronter pratiquement seul la colère du maire et de ses hommes.

Critique de Tootpadu

Les années 1960 n'étaient que peu propices pour le western hollywoodien classique. Après le décès d'une des figures phares du genre, Gary Cooper, et la retraite de deux autres, John Ford et Randolph Scott, les vedettes de la conquête de l'Ouest qui demeuraient se maintenaient tant bien que mal dans des resucées fatiguées de leurs succès d'antan. John Wayne passait ainsi une longue période aride en westerns de qualité entre El Dorado et son dernier coup d'éclat qui était son dernier film tout court, Le Dernier des géants en 1976, dans lequel il retrouvait James Stewart, encore moins bien loti que lui. Tout un genre était en train de s'effacer, alors que la relève, les westerns spaghettis d'un Leone ou les opéras violentes d'un Peckinpah, attendait son tour avec de moins en moins de patience.
Toute la ville est coupable est une de ces productions de série B, qui tentaient encore d'attirer le chaland avec des vedettes revenues de tout. Il émane ainsi une tristesse douce-amère de l'apparition de Dana Andrews, trop vieux pour effectuer les cascades les plus simples, et d'une Jane Russell dans un de ses derniers films, juste le reflet d'une beauté physique qui se fanait irrémédiablement. Le maquillage épais et les perspectives les plus avantageuses n'étaient alors plus que des subterfuges devant le cruel passage du temps.
Néanmoins, cette assemblée d'acteurs prêts à être mis au débarras s'en tire pas trop mal d'affaire. Le cadre très modeste d'une histoire qui enfile les thèmes connus du genre, dont la prison assallie n'est pas le moindre et une référence manifeste au film de Howard Hawks cité plus haut, leur permet en effet de briller timidement une dernière fois. La solidité sans ambition de la mise en scène et la bande originale agréablement enjouée se dressent enfin comme des piliers dignes de confiance pour ce western arrivé au bout d'un cycle.

Vu le 10 octobre 2005, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: