Double arnaque (Bullseye !)

Double arnaque (Bullseye !)
Titre original:Double arnaque (Bullseye !)
Réalisateur:Michael Winner
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:00 1990
Note:
Deux anciens complices se retrouvent à la sortie de prison d'un deux, Sidney Lipton. Leur ancienne maîtresse Willie les a réunis pour voler des diamants à deux scientifiques, pratiquement des sosies des deux gangsters. Mais tous les trois se font prendre par le service secret qui les oblige à continuer dans leurs rôles afin de trouver la formule secrète de l'invention des deux physiciens.

Critique de Tootpadu

Lorsque, il y a dix jours, Sir Michael Caine acceptait en personne l'hommage qui lui est rendu en ce moment par la Cinémathèque française, la question lui a été posée s'il y avait eu, au cours de son illustre carrière, des moments où il songeait à tout plaquer. Un peu gêné, cet immense acteur admettait que, vers le début des années 1990, il s'était tourné plutôt vers la gastronomie après une série de films vraiment pas très bons. Jusqu'à ce que son grand ami Jack Nicholson ne le rappelle devant les caméras pour Blood & Wine. Cette étrangeté grotesque d'un film tombe exactement dans cette période du doute.
La bêtise, le mauvais goût et l'incapacité cinématographique y sont en effet portés à un tel comble, que le spectacle devient presque divertissant malgré lui. D'un point de vue objectif, rien ne fonctionne dans ce désastre qui n'a même pas connu l'honneur d'une sortie au cinéma en France :
- l'histoire est fortement débile et d'une inventivité catastrophique, puisqu'elle s'évertue d'amener l'intrigue dans des directions les plus improbables
- les acteurs surjouent à outrance, comme s'ils savaient que le seul but de cette bagatelle était de leur payer de nombreuses fins de mois tranquilles
- puisque tout le budget était parti dans les cachets des acteurs, il n'en restait plus rien pour le reste, d'où les cascades minables, les décors en toc, et le matériel d'archive maladroitement intégré
- l'humour est exclusivement involontaire, puisque les quelques blagues récurrentes et les allusions grivoises tombent invariablement à plat
- la mise en scène est aux abonnés absents, car chaque plan dispose d'une qualité arbitraire presque hallucinante par son acharnement en dépit de tout sens cinématographique
Cette liste pourrait continuer de la sorte pendant des pages, tellement les défauts de ce navet sont flagrants. Et pourtant, sa débilité manifeste et finalement indépendante d'esprit ne peut que nous impressionner un tout petit peu, grâce à l'ignorance fière de toute notion de qualité au cinéma.

Vu le 9 octobre 2005, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: