Rize

Rize
Titre original:Rize
Réalisateur:David LaChapelle
Sortie:Cinéma
Durée:86 minutes
Date:21 septembre 2005
Note:
Après les émeutes de 1992 à Los Angeles, le jeune Tommy a commencé à faire le clown pour montrer une issue à la misère et la violence aux jeunes de son quartier de la banlieue défavorisé. De là est né le clowning, une façon conviviale pour les jeunes afro-américains de Watts et South Central de s'exprimer, ainsi que le krumping, une forme de danse instinctive et convulsive qui est devenu un facteur de rassemblement majeur dans la communauté.

Critique de Tootpadu

La semaine de la sortie de ce documentaire en France, le photographe David LaChapelle était surtout responsable d'une publicité pour une marque d'habillement suédoise. A plusieurs reprises, nous avons dû subir son adaptation de l'histoire de Roméo et Juliette, un faux court-métrage de six minutes qui marque une des expériences les plus pénibles de notre vie de consommateur involontaire de publicité. D'un ridicule flagrant, voire insoutenable, et d'un kitsch très mal assumé, cette atrocité a probablement voulu feuilleter le roman photo d'une passion dans des habits pleins d'émotion. En tout cas, LaChapelle et ses commanditaires se sont complètement, jusqu'au moindre détail, plantés, au point de rendre la marque indésirable et de nous inspirer une énorme appréhension avant d'aller voir, par défaut en plus, son premier long-métrage documentaire.
A notre soulagement, le réalisateur s'est largement abstenu de son esthétique très artificielle et rose bonbon pour nous initier dans un monde qu'il affectionne depuis plusieurs années. En effet, avant de filmer ces jeunes danseurs qui ont la rage et qui refusent la violence qui règne autour d'eux, LaChapelle avait déjà réalisé deux courts-métrages sur le clowning et sur le krumping. Il maîtrise donc indubitablement son sujet et il prend le temps d'écouter ces lascars coriaces, de partager leurs joies et leurs peines. Son style est d'ailleurs presque sobre et il trouve à peu près chaque fois la bonne mesure entre les scènes de danse et les entretiens informels avec les différents membres du mouvement. Seulement à deux reprises, il s'égare avec d'un côté un rapprochement trop long et trop explicite aux origines tribales africaines, et de l'autre une esthétique empreinte des surfaces brillantes du clip dans le montage final. Pourtant, son film sait justement chercher en dessous des apparences d'une danse à première vue violente les motivations d'une jeunesse laissée pour compte.
A condition d'effacer l'abomination de sa publicité de notre mémoire, ce documentaire énergique et euphorisant de David LaChapelle démontre à quel point le photographe devenu réalisateur sait s'investir dans un projet des plus intéressants.

Vu le 8 octobre 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 12, en VO

Note de Tootpadu: