Bataille d'Angleterre (La)

Bataille d'Angleterre (La)
Titre original:Bataille d'Angleterre (La)
Réalisateur:Guy Hamilton
Sortie:Cinéma
Durée:132 minutes
Date:17 septembre 1969
Note:
En mai 1940, l'aviation anglaise est obligée de délaisser ses alliés sur le continent, puisqu'elle est trop faible pour résister au rouleau compresseur allemand. Les Allemands tentent alors l'invasion de l'île britannique. Leur première cible est la destruction des aérodromes britanniques, afin d'anéantir la Royal Airforce au sol. Pauvre en pilotes et en avions, celle-ci tente de résister coûte que coûte.

Critique de Tootpadu

De nos jours, les grandes épopées guerrières qui se concentrent sur l'aspect stratégique du conflit sont quelque peu passées de mode. Il y a certes les rares tentatives calamiteuses de ressusciter le genre (l'abominable Pearl Harbor), tout comme des films d'action efficaces inspirés par l'incontournable première séquence d'Il faut sauver le soldat Ryan (La Chute du faucon noir), mais dans l'ensemble l'approche didactique qui laisse apparaître l'horreur des batailles comme des coups sur un échiquier a perdu beaucoup de sa superbe. Et pourtant, la période qui a vu les sorties du Jour le plus long, de Tora ! Tora ! Tora ! ou d'Un pont trop loin ressemblait en certains points à la notre, avec la guerre qui s'éternisait au Viêt Nam, et un sentiment général de malaise social. Serait-ce parce que les guerres récentes s'apparentent trop au désastre irakien et que le combat glorieux de la Seconde guerre mondiale appartient désormais à l'Histoire ancienne que nous échappons à ces coups de propagande prestigieux ?
Toujours est-il que cette superproduction britannique s'intègre parfaitement dans la longue série de films cités plus haut. La résistance acharnée de l'aviation anglaise pendant l'année 1940 y est célébrée avec suffisamment de détails pour rester vaguement instructive, et avec assez d'éléments dramatiques secondaires pour divertir. C'est d'ailleurs cet équilibre précaire, majestueusement maintenu, entre le cours d'école et la tragédie humaine qui garde le film dans une sphère d'indécision. En respectant consciencieusement ces deux obligations, il peine à réellement convaincre soit dans l'une, soit dans l'autre. D'une solidité redoutable, il ne nous apprend donc que très peu d'informations sur cet affrontement, et en même temps, le côté sentimental de l'intrigue garde un aspect artificiel et poussif.
Personne ne fait plus ces grands divertissements surgonflés, où un nombre incalculable d'acteurs de renom se bouscule, censés récrire l'Histoire sous un jour plus favorable, et peu scrupuleux dans la description du conflit comme un immense jeu tactique. Mais même si leur idéologie reste douteuse, ils fonctionnent toujours merveilleusement en tant que reconstruction fictive d'une guerre qui était certainement moins empreinte d'héroïsme et de camaraderie qu'ils veulent nous le faire rétrospectivement croire.

Vu le 7 octobre 2005, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: