Dernier des Mohicans (Le)

Dernier des Mohicans (Le)
Titre original:Dernier des Mohicans (Le)
Réalisateur:Maurice Tourneur, Clarence Brown
Sortie:Cinéma
Durée:89 minutes
Date:00 1920
Note:
En 1757, en pleine guerre entre la France et la Grande-Bretagne, deux filles d'un général anglais sont emmenés par un éclaireur indien, Magua, vers le fort "William Henry" pour rejoindre leur père près du front. Mais Magua leur fait faux bond et les abandonne en pleine forêt. Les jeunes femmes sont alors prises en charge par Uncas, le dernier Mohican, et son père. Magua revient cependant à la charge et tente de les dérober. Même la fortification anglaise n'offre pas une protection suffisante, puisque les troupes du colonel Munro sont à court de munition.

Critique de Tootpadu

Le célèbre roman de James Fenimore Cooper, un des incontournables de la littérature d'aventure, a connu plus d'une dizaine d'adaptations au cinéma, dont la plus connue de nos jours reste évidemment la version de Michael Mann avec Daniel Day-Lewis, et dont la plus ancienne remonte jusqu'à 1909. Vu dans ce contexte, ce western muet était donc loin d'être la première, ou la dernière, appropriation de l'histoire d'Uncas sur grand écran. Nos souvenirs de lecture de cette épopée guerrière sont trop vagues pour juger de la fidélité de cette adaptation, mais toujours est-il qu'elle constitue un divertissement aussi spectaculaire que dépaysant en termes d'esthétique filmique.
Le cinéma muet est généralement séparé en deux, voire trois grandes époques. Au cinéma dit "primitif", des courts-métrages qui expérimentaient avec cette nouvelle invention technique en vue de montrer des histoires, suivait l'éclosion des premiers longs, soucieux d'établir un langage narratif propre au Septième art. Naissance d'une nation de David W. Griffith en 1915 est toujours sommairement considéré comme le premier chef-d'oeuvre du cinéma de fiction tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. Enfin, à partir des années 1920, les films devenaient de plus en plus sophistiqués, donnant à des maîtres du muet, comme Fritz Lang et Friedrich Wilhelm Murnau, l'occasion d'en acquérir une maîtrise qui devenait presque caduque avec l'avènement du parlant en 1927.
Selon ce cours de l'histoire du cinéma abusivement abrégé, ce film co-réalisé par Maurice Tourneur et Clarence Brown s'inscrit dans un mouvement caractérisé par une maîtrise de l'outil cinématographique sans un bagage esthétique particulièrement lourd. L'imminence de la narration est en effet des plus séduisantes, sans pour autant avoir recours aux simplicités et incongruités que l'on rencontre de temps en temps chez les films de cette période. L'ennui est également absent dans une intrigue qui dispose d'un capital d'action exceptionnellement élevé. Ainsi, l'attaque du convoi par les Indiens et l'affrontement final dans un décor de montagnes majestueuses n'a rien à envier à ses successeurs et se démarque même par sa direction viscérale. Enfin, le traitement des Indiens est relativement modéré, si l'on est prêt à accepter l'absence d'acteurs d'origine indienne et quelques remarques racistes, proférées par le méchant de l'histoire, un lâche et un traitre.
Adapter des classiques de la littérature d'aventure au cinéma a comme but principal de transcrire l'action de façon divertissante et engageante sur l'écran. Une tâche à laquelle ce western de l'aurore du cinéma ne faillit point.

Vu le 21 octobre 2005, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju

Note de Tootpadu: