Don't come knocking

Don't come knocking
Titre original:Don't come knocking
Réalisateur:Wim Wenders
Sortie:Cinéma
Durée:123 minutes
Date:12 octobre 2005
Note:
Howard Spence a connu des jours meilleurs. Autrefois héros de nombreux westerns, cette ex-gloire du Septième Art ne décroche plus que des rôles secondaires. Il mène une existence solitaire et noie son dégoût de lui-même dans l'alcool, la drogue et les femmes. Jusqu'à ce que sa mère lui apprenne qu'il a peut-être un enfant quelque part... Cette idée allume une lueur d'espoir chez Howard : sa vie n'a peut-être pas été aussi vide qu'il le pense... Il part à la recherche de son fils ou de sa fille. En revenant sur les traces du passé, il retrouve Doreen, qu'il a aimée autrefois, et son fils Earl, un jeune chanteur qui n'a plus besoin de père... http://www.dontcomeknocking.com/
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Des cinéastes européens immigrés aux Etats-Unis, Wim Wenders est probablement celui qui sait le mieux capter la culture et l'aspect visuel actuels de son pays d'accueil, en toute sa beauté et sans fermer l'oeil devant ses dysfonctionnements majeurs. Les premières minutes de son dernier film, présenté en compétition à Cannes cette année, sont en effet un testament vibrant au mélange des mythes et des symboles que le temps accumule sans ordre apparente. Dans une ville fantôme, une immense antenne parabole se dresse soudainement, et dans le casino d'une ville moyenne, les lumières éclatantes et les jeux de miroir sont arrangés en sorte de faire perdre les paysans des environs : autant d'images qui représentent les difficultés d'une transition. Le toc a droit de cité dans ce pays immense, tout comme l'abandon d'une vie réglée et médiatisée au profit d'une recherche pénible des racines et des occasions ratées. Wenders entreprend d'une certaine façon une démarche similaire à celle de son protagoniste sur le déclin, avec un résultat malheureusement aussi mitigé.
L'acuité du regard sur un pays qui n'est pas le sien, qui avait donné naissance à son film précédent poignant, Land of Plenty, Wenders ne l'exerce réellement que pendant, à peu près, la première moitié de l'oeuvre. Le périple de cette vedette en pleine crise de fin de carrière garde son côté fascinant et imprévisible, tant que la destination provisoire n'est pas atteinte. Les trouvailles visuelles époustouflantes se rarifient ainsi dès l'arrivée à Butte. Pour chaque observation cocasse des comportements et des motifs de l'Amérique contemporaine au cours du voyage, l'équivalent devient difficile à débusquer dans la ville, à quelques passants artificiels sur une aire de parking près. Désormais, c'est l'heure des anomalies psycholgiques, du comportement tortueux des personnages qui cachent bien mieux leurs secrets que le paysage métissé splendide.
Wenders retombe en effet dans son univers des relations conflictuelles dans des familles qui n'en sont pas. Sa clairvoyance par rapport à la mentalité américaine se perd ici au profit de personnages complexes et peu accessibles. Le réalisateur se garde, certes, de retomber dans les frasques artificiels de Million Dollar Hotel, mais son traitement alambiqué de l'intrigue et du temps diégétique empêchent le film de dépasser encore l'exposition plutôt brillante. Le mystère potentiel de cette quête mélancolique finit ainsi par tourner en rond, à l'image du mouvement circulaire de la caméra autour de Howard assis sur le canapé défenestré.
Parmi les interprétations, Sarah Polley n'arrive point à donner de l'attrait à son personnage angélique, probablement la plus grande faiblesse d'un scénario relativement vigoureux. A l'opposé, le jeune Gabriel Mann, déjà aperçu par ici et par là, traduit la colère déboussolée de son personnage avec une intensité que nous n'avons pas vu dans ce genre de rôle depuis le tour de force exceptionnel de Nicolas Cazalé dans Le Clan. Enfin, Wenders poursuit de façon tout à fait touchante son hommage à l'Hollywood d'antan, en chosissant Eva Marie Saint et George Kennedy en dignes successeurs de Gloria Stuart, son actrice légendaire dans ses deux films précédents.

Vu le 17 octobre 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 11, en VO

Note de Tootpadu: