Frères Grimm (Les)

Frères Grimm (Les)
Titre original:Frères Grimm (Les)
Réalisateur:Terry Gilliam
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:05 octobre 2005
Note:
A l'aube du XIXe siècle, les frères Grimm étaient connus dans toutes les campagnes pour être les seuls capables de vaincre les esprits maléfiques et les créatures en tous genres qui épouvantaient les villages. Leur lucrative entreprise cachait cependant un petit secret : Jacob et Will se contentaient de combattre les monstres diaboliques que leurs complices animaient grâce à d'ingénieux trucages et d'impressionnantes mises en scène... Lorsque les autorités les obligent à se rendre à Marbaden, l'enjeu est tout autre. Le hameau vit dans la terreur absolue depuis que ses petites filles sont enlevées les unes après les autres. Cette fois, les frères Grimm n'ont pas affaire à une illusion. Avec la très belle Angelika, ils vont découvrir que la forêt lugubre renferme un terrible secret, un monde de magie et de sortilèges peuplé des plus incroyables créatures... http://www.lesfreresgrimm.com/
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Dans le bagage artistique de Terry Gilliam, le bâton magique de l'illusion a toujours pris une place importante. Que ce soit sous l'effet de la drogue, comme dans Las Vegas Parano, ou sous l'emprise de l'amour, comme dans Brazil et dans Fisher King, ses personnages se retrouvent chaque fois dans un univers fantastique, dans le cadre érudit d'une imagination débordante. Car Gilliam s'applique également à revisiter des mythes et des légendes, à se les approprier dans son style personnel. Son adaptation maudite de "Don Quichotte" n'a malheureusement pas encore vu le jour, mais son détour par les frères Grimm n'est ni sa première (Munchausen), ni sa dernière (son tout récent Tideland, une adaptation contemporaine d'"Alice au pays des merveilles") incursion dans la sphère magique des contes de fées.
La première moitié du film dévoile une mise en perspective assez intéressante de l'illusion. Il y est question de croyance et de superstition, ainsi que de la machination qui se cache derrière l'esbroufe du spectacle. Par moments, Gilliam oeuvre à une grande symbiose des différentes générations du 'faire croire' au cinéma. Il jongle assez habilement avec des influences picturales et filmiques disparates, tout en mettant en place un labyrinthe potentiel fait de doutes et de certitudes pour ses personnages. Sans pour autant atteindre des sommets de poésie ou de bravoure technique, cette première heure constitue une exposition pittoresque.
La suite se trouve hélas loin de tout enchantement, puisque cette biographie filmique inventée de toutes pièces et des éléments les plus connus des contes des frères Grimm emprunte à peu près le même chemin que le Sleepy Hollow de Tim Burton : celui de la surenchère mal fondée et mal assurée. Si elle fait fi du froid esthétique qui caractérisait l'histoire du chevalier sans tête, elle n'a point de solution de rechange à proposer. L'histoire devient de plus en plus fantasque, les effets spéciaux atteignent le ridicule exécrable (la séquence de l'homme de pain d'épice), et la réalisation perd ses moyens pour maîtriser cette grandiloquence galopante.
Le plus près dans la filmographie de Terry Gilliam des Aventures du Baron de Munchausen, aussi démesuré, aussi creux et insatisfaisant, ce film finalement décevant entretient un lien tordu avec la seule véritable réussite dans l'oeuvre de l'ancien Monty Python. Le jeu de Heath Ledger, en petit frère complexé et rêveur, semble en effet s'inspirer de celui de Brad Pitt dans L'Armée des douze singes, de la gestuelle d'un fou qui s'st perdu dans la forêt plus ridicule que menaçante.

Vu le 8 octobre 2005, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: