Cadeau du ciel

Cadeau du ciel
Titre original:Cadeau du ciel
Réalisateur:Dover Kosashvili
Sortie:Cinéma
Durée:113 minutes
Date:31 août 2005
Note:
En Israël, une famille d'immigrés géorgiens, dont deux fils travaillent à l'aéroport, prépare un vol de diamants. Le temps de trouver des pigeons qui vont aller en prison pour le braquage, l'équilibre sentimental de cette communauté régie par un père sans miséricorde va se modifier sérieusement.

Critique de Tootpadu

Dans le milieu éminemment folklorique d'une famille d'immigrés en Israël qui fonctionne selon des règles assez mafieuses, cette comédie intrigue avant tout par son ton très sobre. Sous la houlette d'un Emir Kusturica, par exemple, ce portrait populaire aurait tout misé sur l'exubérance et l'exagération, alors que la mise en scène de Dover Kosashvili s'emploie justement à contrecarrer tout excès. La vie mouvementée avec sa sexualité libertine et ses moeurs traditionnelles que nous conte le scénario ne déborde ainsi jamais jusqu'à inquiéter la forme. Celle-ci se contente, modestement et avec une habileté redoutable, d'observer le ballet insensé auquel se livrent jour après jour les membres de la famille et leur entourage. La position passive ne lui permet par contre nullement d'atténuer une certaine misogynie qui plombe régulièrement le récit. C'est simple, dans le microcosme des bagagistes de l'aéroport, issus de la communauté géorgienne, les hommes décident avec qui ils veulent coucher et avec qui leurs femmes et filles ont le droit d'être intimes. La douce ironie du scénario ne se prive néanmoins pas de quelques retours de bâton violents de la part de la gente féminine.
Plutôt destiné à un public adulte, à cause de la sexualité débridée qu'il affiche presque fièrement, ce film se concentre essentiellement sur ses personnages et le rôle qu'ils jouent dans un environnement social particulier. L'action regresse au second plan jusqu'à terminer avant même que le casse n'ait lieu. L'ensemble riche des personnages, étalé sur trois générations et tout un quartier de la ville, est par conséquent la raison d'être de cette oeuvre coquine.
Enfin, la prestation de Yuval Segal dans un des rôles principaux mérite d'être mentionnée. Tel un jeune Yves Montand ou un Steven Bauer plus fin, il déborde de charme et de confiance excessive en lui-même. Grâce à l'écriture sans fard, son personnage d'amoureux manipulateur et bon vivant est l'organe moteur de ce film réussi.

Vu le 12 septembre 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 13, en VO

Note de Tootpadu: