Une auberge à Tokyo

Une auberge à Tokyo
Titre original:Une auberge à Tokyo
Réalisateur:Yasujiro Ozu
Sortie:Cinéma
Durée:79 minutes
Date:00 1935
Note:
Un père au chômage parcourt avec ses deux fils la région, en quête d'un travail dans une usine. Le peu d'argent qu'ils gagnent en attrapant des chiens errants, ils le dépensent soit pour manger, soit pour dormir dans une auberge. Dans cette dernière, ils rencontrent une femme, également sans travail, et sa petite fille.

Critique de Tootpadu

Dix ans avant la naissance officielle du néo-réalisme italien, Yasujiro Ozu avait déjà préparé le terrain avec ce film aussi simple que poignant. Pendant une petite heure, il se concentre en effet sur la vie quotidienne de ses trois protagonistes, une longue série répétitive d'échecs et d'oisiveté du pauvre. A travers ces ballades le long des rues dans les zones industrielles, il cultive déjà une sorte de misérabilisme sophistiquée. La faim, la pauvreté et le manque d'occupation deviennent alors autant des ennemis que des alliés dans la fuite imaginaire de la famille tronquée et déracinée. Ainsi, dans la séquence magnifique du déjeuner improvisé sur l'herbe, le saké et le riz imaginaires deviennent des sources de satisfaction bien plus puissantes que l'aisance relative qui suit. Une fois les repères d'une vie ordinaire retrouvés, les vieux vices refont surface et vont entraîner le père dans une chute que même l'épilogue sermonnieux ne pourra défaire. Et si dans la pauvreté et la misère la vie était plus pure et intense que dans le confort et l'alcool acheté ?
Sans aller jusqu'à cette glorification du malêtre, la mise en scène très ferme d'Ozu se révèle plus poétique pendant la première moitié du film, alors qu'elle risque de se faire rattraper par les éléments mélodramatiques de l'intrigue par la suite.
Enfin, signalons l'état très calamiteux du film d'origine qui a atrocement souffert du passage du temps. Mais entre perdre ce petit bijou de la première heure d'une conscience sociale au cinéma, et le visionner dans des conditions tout juste acceptables, nous préférons toujours la deuxième option.

Vu le 8 septembre 2005, au MK2 Beaubourg, Salle 2

Note de Tootpadu: