De l'ombre à la lumière

De l'ombre à la lumière
Titre original:De l'ombre à la lumière
Réalisateur:Ron Howard
Sortie:Cinéma
Durée:141 minutes
Date:14 septembre 2005
Note:
Autrefois boxeur prometteur, Jim Braddock s'est vu contraint d'abandonner la compétition après une série de défaites. Alors que l'Amérique sombre dans la Grande Dépression, Jim accepte n'importe quel petit boulot pour faire vivre sa femme Mae et leurs enfants. Il n'abandonne pourtant pas l'espoir de remonter un jour sur le ring. Grâce à une annulation de dernière minute, Jim est appelé à combattre le deuxième challenger mondial, et à la stupéfaction générale, il gagne au troisième round. Malgré son poids inférieur à celui de ses adversaires et des blessures répétées aux mains, il accumule les victoires. Portant les espoirs et les rêves des plus démunis, celui que l'on surnomme désormais "Cinderella Man" s'apprête à affronter Max Baer, le redoutable champion du monde qui a déjà tué deux hommes au combat...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

A aucun moment pendant ce drame sportif sur fond de crise sociale, tout de même d'une durée conséquente, la mise en scène faiblarde de Ron Howard n'arrive à maîtriser son sujet. Elle reste constamment au niveau d'une exécution prévisible et conventionnelle, particulièrement dépourvue lorsqu'il s'agit de traduire le courage et la persévérance du héros dans autre chose qu'un style bancal. Howard semble organiser ses séquences au pif, en incluant de jolies images qui mettent bien en valeur les décors d'époque quand cela lui chante. Que cette pratique hautement arbitraire et plastiquement gênante écrase les quelques envolées rythmiques qui se créent, presque par hasard, de temps en temps, ne parait guère l'inquiéter. Bien que cette fadeur formelle soit surtout préoccupante dans les séquences hors du ring, même les affrontements de boxe n'ont rien d'exceptionnel. Les dieux du cinéma doivent vraiment en vouloir à Howard d'avoir usurpé l'Oscar il y a trois ans à quatre réalisateurs infiniment plus doués, pour le laisser se pavaner de la sorte dans une médiocrité embarrassante.
Néanmoins, rejetter toute la faute sur le réalisateur serait aller un peu trop vite en besogne. Le scénario sans la moindre finesse, qui prend le spectateur pour un imbécile à plus d'une reprise (les indications de lieux et de date redondantes), n'arrange guère les choses. Si les transitions elliptiques maladroites sont du ressort de Ron Howard, les répliques pompeuses et la structure d'une banalité ennuyeuse lui sont entièrement imputables. Le travail qui rend l'histoire à raconter exceptionnelle, et différente des dizaines d'autres sur la boxe et la grande dépression, commence à l'écriture du scénario. Une tâche qui a été omise ici, sans le moindre espoir de rattrapage ultérieur.
Passons sur la photographie très sombre qui peine à trouver un style visuel adéquat à la misère de l'existence du héros, et ne nous attardons point sur la bande originale interchangeable avec les autres compositions de Thomas Newman, l'emploi bien trop clichetonneux en plus. Car, la seule chose qui puisse justifier la vision de ce drame mortellement médiocre est l'interprétation de Russell Crowe. Il se trouve certes loin de ses sommets, dans L.A. Confidential ou Révélations, mais son intensité et son immersion dans le rôle donnent au moins à son personnage ce qui manque sensiblement au film : du coeur.

Vu le 4 octobre 2005, à l'UGC George V, Salle 9, en VO

Note de Tootpadu: