Broken flowers

Broken flowers
Titre original:Broken flowers
Réalisateur:Jim Jarmusch
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:07 septembre 2005
Note:
Célibataire endurci, Don Johnston vient d'être quitté par Sherry, sa dernière conquête. Alors qu'il se résigne une nouvelle fois à vivre seul, il reçoit une lettre anonyme dans laquelle une des anciennes petites amies lui apprend qu'il est le père d'un enfant de 19 ans, et que celui-ci est peut-être parti à sa recherche. Sous les conseils de son meilleur ami Winston, détective amateur, il décide de mener l'enquête afin d'éclaircir ce mystère. Malgré son tempérament casanier, le sédentaire Don se lance alors dans un long périple, au cours duquel il retrouve quatre de ses anciennes amours. A travers ces visites-surprises, Don se retrouve confronté à son passé, et, du même coup, à son présent. http://www.brokenflowers-lefilm.com/
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Le passé n'est plus. On ne sait rien du futur. Donc, tout ce qui nous reste est le présent. Pour arriver à ce constat d'une grande évidence, le protagoniste de ce film mélancolique se donne beaucoup de peine. Et encore, il est plutôt la marionnette apathique d'un plan qui est préparé pour lui jusqu'au moindre détail. Il ne veut pas y aller, mais il s'y rend quand même. Il n'aime pas les voitures de location, et pourtant, elles deviennent la base d'une opération fortuite. De ce paradoxe entre la volonté de Don, voire son absence de volonté en bon vivant qui se respecte, et ses actions qui ne s'écartent de la voie tracée qu'à la fin, naît un malaise durable qui se transforme presque en paranoïa par la suite. Le dernier plan de Don, toujours aussi seul, mais encore plus dépourvu de certitudes, est ainsi emblématique du désenchantement de cet homme d'une grande passivité.
Toutefois, la perte de la nostalgie ne s'arrête point là, puisque la galérie des anciennes conquêtes est d'un aspect glauque difficilement supportable. La descente aux enfers de la vie figée dans des postures aberrantes prend encore un air vaguement amusant lors de la première visite. Une fille nymphomane et un travail ridicule apparaissent en effet comme des tares moindres en comparaison avec le froid et l'artifice, le délire ou simplement la pauvreté et l'instabilité mentale. Jim Jarmusch parait nous sortir toute la panoplie des anomalies banales et tristes dans la société américaine de nos jours. Face à ces personnages d'une noirceur accablante, nous nous sentons presque aussi amochés et épuisé que Don pour son dernier arrêt au cimetière.
Jamais pressé, Jim Jarmusch prend tout son temps pour évoquer la désolation d'un Don Juan déchu. Il épouse parfaitement l'allure récalcitrante de Don, quitte à laisser trainer le rythme d'emblée ponderant de son film. Dommage alors que la dimension mystique, qui rendait Dead Man et Ghost Dog des oeuvres aux pouvoirs enchanteurs, soit largement absente de cette oeuvre hésitante.

Vu le 1er octobre 2005, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: