
Titre original: | Bench (The) |
Réalisateur: | Per Fly |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 92 minutes |
Date: | 17 août 2005 |
Note: | |
Il y a longtemps, Kaj était un chef recherché, un maître de la haute cuisine, mais un père déplorable. Depuis, il a abandonné son emploi et passe ses journées à se soûler. Même incapable de garder son boulot d'insertion sociale, il n'attend plus rien de la vie. Jusqu'au jour où la jeune Liv, une femme battue, s'installe dans son quartier avec son fils Jonas.
Critique de Tootpadu
La classe ouvrirère et les personnes qui glissent dans la précarité ne fournissent que rarement l'objet d'un film de fiction. Pourquoi en effet étaler dans le domaine du divertissement ce qui nous désole tous les jours dans la vie réelle ? Parce que rendre compte de la misère sociale est aussi le rôle du cinéma, une tâche aussi indispensable qu'épineuse. Montrer la déchéance matérielle qui entraîne invariablement la dégradation psychologique risque toujours de finir dans le misérabilisme et l'apitoiement sur ces pauvres gens qui ont tellement de mal à s'en sortir.
Ce film danois, qui sort avec cinq ans de retard chez nous et qui a été depuis suivi par des portraits d'autres milieux sociaux, réussit néanmoins à rester sobre dans son désespoir. Dans une existence marquée par la violence, la pauvreté, l'alcool, le chômage et le comportement asocial, il est entièrement juste de laisser comme seule échappatoire la croyance à des rêves d'enfant. Le périble inattendu du vieux au bout du rouleau ne subit ainsi aucun accès de pathos ou de victoire à l'encontre des contrariétés. Les quelques sursauts de dignité ne sont nullement récompensés par le succès et les rechutes dans les attitudes erratiques d'alcoolique sont monnaie courante. Ce monde sans bonheur bénéficie cependant d'un regard très juste et neutre qui donne la bonne dose d'humanité à des personnages condamnés d'avance à la misère.
Malgré ses qualités indéniables, ce drame ne serait qu'un autre portrait sans complaisance du monde d'en bas, si ce n'était pour l'interprétation magistrale de Jesper Christensen. Son vieux qui a déjà abdiqué est aussi abject qu'attachant, en bref, un exemple parfaitement ordinaire de la lutte continuelle de l'homme pour un peu de paix, de bonheur, ou par défaut, d'anesthésie pour échapper à la dureté de la vie.
Vu le 22 août 2005, au Cinéma des Cinéastes, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu: