Brazil

Brazil
Titre original:Brazil
Réalisateur:Terry Gilliam
Sortie:Cinéma
Durée:140 minutes
Date:20 février 1985
Note:
Le ministère du recoupement de l'information assure efficacement la surveillance et la sécurité dans le pays. Enfin, c'est ce que le ministre Helpmann veut faire croire à l'opinion publique, alors que des attaques terroristes secouent régulièrement la paix depuis treize ans. Pour Sam Lowry, un employé des archives brillant mais totalement dépourvu d'ambition, cela n'a guère d'importance, tant qu'il peut rêver à volonté de sa femme idéale qu'il viendra sauver en chevalier volant. Quelle est alors sa surprise, lorsqu'il aperçoit cet être rêvé, qui s'avère être Jill Layton, suspectée d'activités terroristes.

Critique de Tootpadu

Dans les films de Terry Gilliam, chercher l'emplacement de la folie est un exercice tout à fait vain. Est-ce le réalisateur qui a perdu la boule et qui nous soumet aux excès hallucinants de son imagination ? La démence est-elle simplement le résultat de la psychologie perturbée des personnages ? Ou bien, puisque nous avons beaucoup de mal à capter le mode opératoire de cet univers fantaisiste, la folie serait-elle la nôtre ? Toujours est-il que la plupart des oeuvres de Gilliam, réalisateur, sont d'une inventivité incommensurable. Une affirmation qui n'a jamais été plus vraie que dans le cas de ce cauchemar. Dangereusement installé entre les mondes inquiétants d'un Orwell et d'un Kafka, il se passe en effet très bien du semblant de logique qui caractérise le meilleur film de Gilliam, à ce jour et à notre humble avis, L'Armée des douze singes. Seul Las Vegas Parano a fait preuve d'un style aussi déjanté, jusqu'à mener cet acte d'acrobatie entre le réel et l'hallucination un peu trop loin.
Heureusement, Gilliam va "juste" très loin dans son délire de l'homme fabulateur. Prisonnier de décors impressionnants, tributaire d'une esthétique onirique qui n'a pas grand-chose en commun avec la vie quotidienne assez crade et sans style propre, ce Sam Lowry est le digne successeur de Josef K. : incapable de maîtriser les forces qui le gouvernent, jusqu'à s'enfoncer de plus en plus inextricablement dans son délire. Toutefois, Gilliam ne s'arrête pas du tout à cette référence littéraire, mais cite joyeusement l'histoire du Septième art à droite et à gauche. Le foisonnement de styles qui est créé de la sorte donne à cette oeuvre inclassable un côté fascinant et impénétrable. Et si Gilliam n'est peut-être pas allé jusqu'au bout de sa folie créatrice, il s'est affranchi des conventions du cinéma comme peu de cinéastes avant ou après lui.

Revu le 12 août 2005, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: