Gosford Park

Gosford Park
Titre original:Gosford Park
Réalisateur:Robert Altman
Sortie:Cinéma
Durée:132 minutes
Date:20 mars 2002
Note:
Au début des années 1930, Sir William McCordle et son épouse Lady Sylvia convient un groupe de parents et de connaissances dans leur manoir pour une partie de chasse. Amusés par la présence d'un réalisateur de cinéma américain, divertis par les chansons d'un acteur célèbre, les invités commencent néanmoins à s'ennuyer au bout d'une journée. Ce malaise provient surtout de l'intransigeance du hôte qui refuse de répondre financièrement aux requêtes de son entourage appauvri. Mais ce ne sont pas seulement les aristocrates qui lui veulent du mal, puisqu'il jouit également d'une mauvaise réputation parmi les domestiques venus accompagner leurs maîtres.

Critique de Tootpadu

Robert Altman revient, à plus de 75 ans, à son genre de prédilection : le film choral. Comme auparavant Nashville et Short Cuts, cette oeuvre particulière, ni tout à fait comique, ni complètement dramatique, ne dispose pas d'un personnage central, mais fait se croiser un ensemble impressionnant d'individus. Organisé en deux mondes socialement très distincts, cet univers d'avant-guerre est le terrain de jeux idéal pour laisser la maestria mesquine d'Altman s'épanouir pleinement. L'immense élégance et la subtilité ironique avec lesquelles ce cinéaste pratiquement légendaire et toujours un peu à contre-courant se met au service du scénario complexe de Julian Fellowes sont simplement irrésistibles.
L'atout majeur, voire unique, de cet énigme policier qui dépasse largement le cadre d'une simple adaptation du jeu "Cluedo" est qu'il trompe constamment nos attentes. D'une richesse de détails et de renvois impossible à saisir entièrement lors des premières visions, il garde un ton éminemment distancé, au milieu duquel une réplique assassine ou un rapprochement insoupçonné peuvent jaillir à tout moment. Robert Altman renforce encore cet effet d'une grande originalité à travers un montage très précis, qui jongle admirablement avec la dualité des décors et la multitude des personnages. Par contre, la photo avec ces tons très doux et sa lumière diffuse n'arrive toujours pas à nous enthousiasmer.
Inspiré visiblement du chef-d'oeuvre de Jean Renoir, La Règle du jeu, cette renaissance surprenante du vieux maître Altman, depuis confirmé par le tout aussi magnifique The Company, figure sans doute parmi les meilleurs films sur la relation tortueuse entre les domestiques et leurs maîtres, avec Les Vestiges du jour de Merchant-Ivory.

Revu le 9 août 2005, en DVD, en VO

Au bout de la troisième vision, le puzzle commence à se completer agréablement. Du coup, le plaisir est encore accru de revoir le film le plus dense, riche et complexe depuis L.A. Confidential !

Revu le 11 août 2005, en DVD, en VO
Revu le 23 janvier 2007, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: