Mon oncle

Mon oncle
Titre original:Mon oncle
Réalisateur:Jacques Tati
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:10 mai 1958
Note:
Deux mondes qui vivent côte à côte : la modernité de la maison des Arpel, avec les gadgets électroniques dernier cri, le jardin épuré, l'usine de plastique ultra-fonctionnelle / la vieille France de Monsieur Hulot avec son bistrot, la concierge et l'éboueur qui bavarde toute la journée. Lorsque Hulot s'aventure dans l'univers des Arpel pour rendre visite à son neveu ou essayer de travailler dans l'usine de son beau-frère, il n'est forcément pas à sa place.

Critique de Tootpadu

Nous ne sommes pas des admirateurs assez férus de Tati pour discerner toutes les différences entre la version anglaise et française de son chef-d'oeuvre de la fin des années 1950. Mais à pratiquement revoir cette comédie géniale sur la nature imprévisible des objets et leur interaction catastrophique avec l'homme inadapté par excellence, Monsieur Hulot, nous ne pouvons que rester une fois de plus bouche bée devant l'inventivité sans bornes et l'humour irrésistible du cinéaste. Grâce à son talent d'observateur fin du comportement dans notre société moderne, Tati peut même se passer d'une histoire au sens propre, puisqu'il enchaîne de petites épisodes hilarantes. Si son personnage phare opère comme un lien entre ces dernières, il n'en est pourtant pas le protagoniste, mais plutôt le grain de sable qui fait tout dérailler. Parmi les sommets de cette zizanie involontaire, rappelons les séquences du tube de plastique déformé ou la réception dans le jardin qui tourne au désastre.
Cependant, l'humour si caractéristique de Tati ne résulte pas tellement du passage à un désordre rocambolesque. Les variations fines dans la répétition (les faux accrochages entre les voitures), les trouvailles excellentes dans le détournement de figures plastiques (le couple Arpel qui regarde par les hublots de sa chambre la nuit), ainsi qu'un travail exceptionnel sur la bande son font de ce troisième long-métrage de Tati une mine inépuisable de rires intelligents. Pratiquement cinquante ans après sa création, ce conte sur les ravages anodins de la technologie n'a ainsi perdu rien de sa fraîcheur, ni de sa prémonition sur une société régie par la machine, qui est encore plus vraie de nos jours qu'autrefois. Néanmoins, il fallait le génie d'un Tati pour laisser au coeur de cette satire grandiose la simple histoire d'un homme (M. Arpel) qui, par des subterfuges plus ou moins intentionnels, a réussi à se libérer de la dictature du comportement conformiste (les flèches sur la route) pour retrouver la complicité de son gamin.
A voir et à revoir sans modération !

Vu pour la première fois en version anglaise, le 4 août 2005, à l'Arlequin, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: