Inside Deep Throat

Inside Deep Throat
Titre original:Inside Deep Throat
Réalisateur:Randy Barbato, Fenton Bailey
Sortie:Cinéma
Durée:89 minutes
Date:27 juillet 2005
Note:
La genèse et l'odyssée de "Gorge profonde", le film porno le plus rentable de tous les temps. Réalisé en plein milieu de la révolution sexuelle aux Etats-Unis au début des années 1970, il en devient autant la lance de fer que la bête noire. Combattu par le gouvernement conservateur, la droite religieuse et le mouvement féministe, défendu par des acteurs libéraux et ses créateurs, cette célébration de la fellation a su diviser une nation, avant de déclencher la commercialisation bon marché de la pornographie.

Critique de Tootpadu

Le souci avec ce documentaire pourtant très intéressant est qu'il tente en vain d'être plusieurs choses à la fois. Un essai social sur les moeurs au début des années 1970 aux Etats-Unis, un making of d'une oeuvre pornographique faite avec des bouts de ficelle et une très grande bouche, une mise en cause de la mafia et de ses pratiques d'extorsion, cette production curieusement prestigieuse est tout cela et, en même temps, elle n'aboutit réellement dans aucun de ces domaines. Soutenu par un producteur aussi influent et respecté que Brian Grazer, raconté par un acteur aussi emblématique de l'époque décrite que Dennis Hopper, le récit du plus fameux film de cul ne paraît pas tout à fait savoir sur quel pied danser. Les observations intelligentes et lucides qu'il énonce assez régulièrement ont par conséquent tendance à se perdre dans le va-et-vient désordonné. Ce qui est fort dommage, puisqu'il y avait de quoi faire, surtout en vue du retour d'un climat moralisateur aux Etats-Unis au plus tard depuis l'affaire Lewinsky. Les mises en perspective et les rapprochements ingénieux abondent ainsi, sans savoir ou pouvoir s'associer afin de culminer dans un mosaïque foisonnant de la société américaine.
Le manque de clarté dans la sélection et la mise au point est encore accentué par un style clinquant. Le vocabulaire formel dont se servent les deux réalisateurs est en effet des plus distrayants, jusqu'à devenir la force destructrice d'un semblant d'homogénéité structurelle. Pourquoi insister à retravailler les documents d'archives pour les fondre dans un amalgame visuellement peu attrayant ? Pourquoi inclure d'innombrables passages au flou qui ne font qu'enlaidir l'aspect visuel du documentaire ? Après tout, l'esthétique basique du film porno ne justifie en rien ces excès stylistiques.
Bien que ce documentaire ait eu la bouche plus grande que le ventre, il offre quelques bribes très instructives sur une époque qui est loin d'être révolue.

Vu le 4 août 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 14, en VO

Note de Tootpadu: