Camp de Thiaroye

Camp de Thiaroye
Titre original:Camp de Thiaroye
Réalisateur:Ousmane Sembene, Thierno Faty Sow
Sortie:Cinéma
Durée:150 minutes
Date:07 janvier 1998
Note:
En 1944, un bataillon de tirailleurs africains est rapatrié au Sénégal après de loyaux services pour la France pendant la Deuxième guerre mondiale. Il ne manque plus à ces braves hommes que de recevoir leur pécule et leurs indemnités, avant de regagner leurs villages respectifs. Rassemblés dans un camp de transit, ils vont se révolter contre les forces françaises, lorsque celles-ci tentent de les escroquer sur le taux de change de leurs billets de la métropole.

Critique de Tootpadu

Le passé de la France est bien plus entaché que certains beau-parleurs nationalistes veulent bien le faire croire et cela ne date pas du silence honteux sur les "événements" en Algérie. Alors que les Allemands sont, bien entendu justement, accusés de toutes sortes d'atrocités pendant la guerre de '39-'45, la France s'évertue dans la glorification de la Résistance et, au mieux, s'oblige malgré elle de mentionner de façon aléatoire et discrète les collaborateurs. En même temps, tous les méfaits de la colonialisation sont largement tus, sous le couvert de l'association privilégiée avec ses anciennes colonies que la France de nos jours s'empresse de promouvoir avec un certain orgueil. Il revient ainsi à l'oppressé de s'en souvenir, et de faire perdurer la mémoire des hommes qui, dans ce cas-ci, ont été lâchement trahis par la France victorieuse.
Dans cette production exclusivement africaine, le chef de file du cinéma sénégalais Ousmane Sembene entreprend alors le récit tragique de ses compatriotes presque oubliés. Par conséquent, son film fleuve ne répond pas aux impératifs narratifs occidentaux, en privilégiant un aspect plus lent et détendu. Les répétitions sont ainsi aussi fréquentes que les séquences dont le seul but semble être la description des personnages. De cette structure déliée, au rythme peu affirmé, ressort alors une oeuvre indiscutablement réussie par rapport à la vie et la mentalité africaines saisies. Cependant, tout le côté solennel, qui fait subir aux personnages français un traitement digne des caricatures dont sont, hélas, habituellement affublés les seconds rôles africains dans les productions occidentales, force un peu trop le trait, au risque d'insister sur des éléments qui apparaissaient de façon tout à fait clairs dès le départ.
Un film qui importe plus par son message, peu importe la façon didactique par laquelle il tente parfois de le transmettre, que par d'éventuelles prouesses techniques ou esthétiques, largement absentes ici.

Revu le 22 juillet 2005, à l'Espace Saint Michel, Salle 1

Note de Tootpadu: