Eros

Eros
Titre original:Eros
Réalisateur:Michelangelo Antonioni, Steven Soderbergh, Wong Kar-wai
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:06 juillet 2005
Note:
Un couple en Italie qui refuse même de se parler et encore plus de faire l'amour, jusqu'à la rencontre avec une belle cavalière qui habite une vieille tour sur la côte. Un agent de publicité américain qui passe une séance onirique chez un psy, en s'interrogeant sur une belle femme nue dans la salle de bain et sur les réveils à répétition. Un tailleur hong-kongais qui se dévoue à une belle cliente, une prostitué de luxe qui éveille en lui le plaisir charnel.

Critique de Tootpadu

L'érotisme est encore plus fugace au cinéma que dans la vie réelle. Souvent, ce n'est pas parce que le metteur en scène voulait qu'une séquence soit sensuelle, qu'elle l'est. De même, les moments les plus érotiques sont la plupart du temps pas prémédités. Laisser libre jeu à trois réalisateurs très différents pour un sujet aussi imprévisible ne pouvait alors être qu'une expérience hautement stimulante. Mais l'impression que donnent ces épisodes hétéroclites est davantage celle de l'étrangeté et pas tellement un sursaut des sens sexuels.
Le seul à avoir réellement tiré profit du sujet est sans conteste Wong Kar-wai, avec son épisode final d'une sensualité lourde, presque étouffante. Et pourtant, la dévotion du tailleur pour la prostitué est le seul instant dans tout le film où l'affection devient le moteur du désir. Malgré le style toujours aussi chargé de Wong, avec ses cadres d'intérieur obstrués et ses ralentis maniérés, l'épisode de "La Main" est le seul à trouver une approche pertinente de l'érotisme. Curieusement, c'est aussi le seul à ne pas se complaire dans l'exposition d'actrices nues.
L'humour par lequel Steven Soderbergh veut se dérober à la tâche épineuse tourne très vite à l'énervement. Bien longtemps avant la chute décevante de sa petite histoire des petites obsessions, les manies de ses deux personnages deviennent agaçantes. La ruse par laquelle Soderbergh veut contourner l'érotisme pour mieux le dévoiler par la suite, se retourne ainsi inéluctablement contre lui. C'est comme si le plus touche-à-tout des trois cinéastes - c'est-à-dire celui à qui il manque le plus un style personnel, en dépit d'un talent indiscutable - n'avait rien à dire sur le sujet, comme s'il était juste content d'être en si noble compagnie, quitte à y participer avec une bouffonnerie superficielle.
Enfin, l'épisode du vieux maître Antonioni, qui pourrait bien être sa dernière sortie au cinéma, vu son âge et la vitesse avec laquelle il trouve les moyens pour tourner : c'est plastiquement beau, dans des décors naturels magnifiques, avec une histoire minimaliste qui rappelle de lointains souvenirs de la période faste du maître de l'ennui, mais c'est aussi assez inconsistant, mal joué et mal doublé. Sans faire honte à l'oeuvre du vieux monsieur, ce court-métrage n'en est pas non plus un élément indispensable.

Vu le 22 juillet 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 15, en VO

Note de Tootpadu: