
Titre original: | Chaussure à son pied |
Réalisateur: | David Lean |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 105 minutes |
Date: | 01 octobre 1954 |
Note: | |
Depuis la mort de sa femme, Henry Hobson, un cordonnier respecté, doit élever tout seul ses trois filles. Lorsque les deux plus jeunes manifestent leur volonté de se marier, Hobson refuse par peur d'avoir à fournir une dot importante. C'est alors que la plus âgée et la plus habile en affaires, Maggie, prend sa vie en main. Traitée par son père comme une vieille fille prédestinée, elle choisit d'épouser Willie Mossop, un employé modeste, et d'ouvrir elle-même un magasin de chaussures.
Critique de Tootpadu
Avant de se concentrer sur les grands films épiques qui assurent jusqu'à nos jours sa renommée, David Lean avait réalisé quelques films britanniques à l'envergure plus modeste. Typiquement anglais dans ses décors et ses thèmes, cette dizaine d'oeuvres démontre déjà à quel point le travail de Lean était la sophistication même, un style d'un soin et d'une élégance rarement égalés. Ces petites histoires, qui n'engendrent pas forcément de petits films, témoignent ainsi de l'étendue d'un talent qui savait faire bien plus que nous transporter dans les contrées lointaines de l'Asie, de l'Inde et de l'Arabie.
La mise en scène se démarque en effet dès le début, avec une introduction enjouée et musicale du magasin. Cette petite promenade sur les différentes chaussures marque ainsi admirablement le ton pour la suite, une comédie sociale vieillotte et sympathique, adaptée d'une pièce de théâtre. Lean se permet en effet le luxe de prendre son temps, de laisser les séquences se développer organiquement jusqu'à leur accomplissement. La balade nocturne du vieux Hobson complètement ivre sert ainsi principalement à afficher le talent comique de l'immense Charles Laughton. Mais par ses sauts hébétés d'une flaque à l'autre, afin de capturer le reflet de la lune, le personnage dévoile plus de ses faiblesses qu'à travers ses grandes tirades de vieux patriarche menacé.
Par essence dépourvu des grandes espaces qui apportaient leur part au statut de chef-d'oeuvre d'un Lawrence d'Arabie, Lean se concentre encore plus que d'habitude sur ses acteurs. Charles Laughton ne se renouvelle peut-être pas dans son rôle grandiloquent du vieux grincheux. Mais il nous rappelle à quel point il pouvait être plus que le méchant redoutable ou l'obèse immobile. Quant à Brenda De Banzie, sa vieille fille bien décidé à changer son sort est probablement son interprétation la plus brillante, puisqu'elle était plutôt limitée aux seconds rôles plus (L'Homme qui en savait trop) ou moins (La Panthère rose) mémorables.
Revu le 15 juillet 2005, au Reflet Médicis, Salle 3, en VO
Note de Tootpadu: