Joy

Joy
Titre original:Joy
Réalisateur:David O. Russell
Sortie:Cinéma
Durée:123 minutes
Date:30 décembre 2015
Note:

Inspiré d'une histoire vraie, JOY décrit le fascinant et émouvant parcours, sur 40 ans, d'une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars. Au-delà de la femme d’exception, Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique, mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments.

Critique de Mulder

Le huitième film du réalisateur et scénariste David O. Russell Joy est non seulement son film le plus intéressant mais également le plus réussi. Il retrouve ainsi pour l’occasion de nouveau Jennifer Lawrence, Bradley Cooper et Robert De Niro après les avoir dirigés dans Happiness Therapy (2012). Le scénario qu’il a co-écrit avec Annie Mumolo (Mes meilleures amies (2011)) dresse le portrait d’une battante investie corps et âme dans son travail d’inventrice et de femme d’affaires avisée. Des années 60 à nos jours nous découvrons Joy Mangano et sa famille assez excentrique ne croyant pas tout à fait en son don de créer des choses. Ce film biopic qui s’inspire d’une femme au parcours atypique dresse en filagrane le rêve américain et surtout le long parcours à faire pour enfin obtenir le succès mérité. Le réalisateur semble avoir réellement trouvé un sujet lui permettant de mettre en avant les thématiques qui sont omniprésentes dans son œuvre, de la famille et son dysfonctionnement, à des personnages de loosers capables de retrouver leur grâce perdue. Joy n’est donc pas une nouvelle comédie dramatique, un véhicule de stars propre à mettre leur talent en avant. Loin de là, le réalisateur ne cherche à aucun moment la simplicité quitte à perdre certains spectateurs.

De son enfance à ses premiers échecs, de son parcours atypique à ses problèmes familiaux, David O. Russell nous présente une héroïne se rendant compte que pour réussir il faut non seulement avoir de fortes capacités mais également un moral à toute épreuve. Face à de nombreux coups bas, à une démonstration dans le cadre d’un télé-achat mal ficelée de l’un de ses produits, Joy devra afficher un caractère fort et surtout ne pas se résigner. A travers ce personnage inspirée d’une personne réelle, le réalisateur rend hommage non seulement à la femme en général mais aussi à cette classe moyenne guère aidée mais ayant son mot à dire dans notre société. Comme dans ses précédents films, David O. Russell ne cherche à aucun moment à rentrer dans le moule des films hollywoodiens actuels. Sa mise en scène rappelle celles des films des années 70 dans lesquels les comédiens avaient de véritables challenges à accomplir et surtout pouvaient se reposer sur des scénarios de grande qualité. Cette nostalgie le réalisateur la transmet aisément par le jeu convaincant de ses comédiens mais également par une magnifique photographie signée par Linus Sandgren et par la place occupée par la musique. Le réalisateur est ainsi aussi soucieux du fond que de la forme de son œuvre.

Le réalisateur a su réellement rendre intéressant l’histoire de l’inventrice de la serpillière magique et des cintres antidérapants. De tels objets n’avaient pourtant rien de glamour ni de captivants pour bâtir un film dessus en toile de fond. Pourtant le réalisateur en s’appuyant sur une interprétation très captivante de Jennifer Lawrence arrive à nous subjuguer et à nous interroger sur les manières de trouver sa place dans notre société malgré des handicaps importants. C’est le portrait de cette Amérique dans laquelle à force de travail et d’une volonté infaillible à réussir que le réalisateur s’est voué plus qu’à un simple biopic .

Une nouvelle fois, le réalisateur nous dresse son portrait de la famille américaine traditionnelle loin de la vision idyllique souvent montrée dans les comédies hollywoodiennes. Ce n’est donc pas un hasard si un des cauchemars récurrents de l’héroïne est de se retrouver piéger dans le soap que regarde sa mère chaque jour allongée sur son lit. Bien que certains passages du film se passent durant Noël, nous sommes loin d’un conte de fées moderne façon Cendrillon. Divorcée, en lutte permanente contre son père difficilement gérable, Joy doit non seulement affronter et convaincre sa famille mais aussi son entreprise de la réussite à venir. Un tel personnage complexe et fragile est un terrain parfait pour Jennifer Lawrence et montrer qu’elle est bien une des meilleures comédiennes actuelles. Même si le film souffre par moment de lenteurs, la présence de cette comédienne lui donne sa noblesse et l’élève aisément comme l’un des films à découvrir en salles. Après la déception de Hunger Games - La Révolte : Partie 2, rien ne peut gâcher notre plaisir de retrouver cette comédienne que nous apprécions autant dans un rôle qui lui permet enfin de témoigner de ses nombreuses facettes.

Vu le 14 décembre 2015 au Gaumont Champs-Elysées Marignan, Salle 7, en VO

Note de Mulder: