Titre original: | Spectre |
Réalisateur: | Sam Mendes |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 150 minutes |
Date: | 11 novembre 2015 |
Note: |
Un message cryptique surgi du passé entraîne James Bond dans une mission très personnelle à Mexico puis à Rome, où il rencontre Lucia Sciarra, la très belle veuve d’un célèbre criminel. Bond réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation baptisée Spectre. Pendant ce temps, à Londres, Max Denbigh, le nouveau directeur du Centre pour la Sécurité Nationale, remet en cause les actions de Bond et l’existence même du MI6, dirigé par M. Bond persuade Moneypenny et Q de l’aider secrètement à localiser Madeleine Swann, la fille de son vieil ennemi, Mr White, qui pourrait détenir le moyen de détruire Spectre. Fille de tueur, Madeleine comprend Bond mieux que personne…
Spectre est le 24ème film de la saga James Bond débuté en 1962 par James Bond 007 contre Dr No. De nombreux comédiens ont ainsi incarné ce personnage mythique : Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et enfin Daniel Craig. Ce dernier comédien a su redorer le blason de l’espion britannique le plus connu au monde. En balayant les nombreux poncifs liés à la saga qui avait du mal à se renouveler, Martin Campbell en 2006 (après Goldeneye (1995)) remettait à jour ce personnage et lui redonnait toute sa vitalité et l’orientait vers un personnage plus sombre, utilisant moins de gadgets et surtout nettement plus solitaire et sérieux que le furent les précédentes interprétations. Certes la formule mêlant différents pays, des scènes spectaculaires et les fameuses James Bond girls étaient toujours la base de ces nouvelles aventures mais avec un traitement plus sérieux et plus réaliste. Daniel Craig endosse donc pour la quatrième fois le costume de cet agent secret et nous convainc par son jeu efficace et racé.
La production de ce film fut assez chaotique suite aux nombreux soucis rencontrés (réécriture du scénario suite au piratage du serveur de Sony, soucis de tournage notamment au pays de Galle) et le résultat se ressent notamment au niveau du scénario qui semble utiliser une formule prédéfinie sans rien apporter de bien nouveau à la saga. Certes on retrouve les trois mêmes scénaristes John Logan, Neal Purvis et Robert Wade mais l’histoire semble avoir été construit uniquement pour mettre en avant les trois grosses scènes d’action (scène du générique, celle d’une course poursuite et celle de la fin se déroulant à Londres) et replacer le personnage principal dans la continuité pré Casino royale (plus de gadgets, plus d’action et la présence du Spectre). Le fait que le personnage du Spectre / Franz Oberhauser soit si peu esquissé et si peu présent dans le film nous laisse un certain regret.
Après une scène d’introduction très spectaculaire qui se déroule à Mexico et qui met en avant la fête des morts (allusion évidente à Live and Let die (1973), James Bond disgracié se rend à Rome puis en Autriche, à Tanger et enfin retourne en Angleterre. Une nouvelle fois, il fait preuve de courage, d’ ingéniosité et son fort caractère permet de mettre hors d’état de nuire une organisation criminelle mondiale. On retrouve ainsi tous les éléments qui ont fait le charme de la série et des allusions appuyées à Skyfall (le Spectre y était déjà abordé, la présence de l’Aston DB5 dans deux scènes de ce film), à Casino Royale (le retour de Mr. White, allusions répétées à Vesper Lynd). En se focalisant presque exclusivement sur le personnage de James Bond et sur les liens avec d’autres personnes importants (Q, Eve Moneypenny, M), les scénaristes passent pratiquement à côté de la description de Spectre et des agissements mondiaux de cette organisation toute puissante. Alors que dans Skyfall le comédien Javier Bardem imposait son personnage de Raoul Silva comme le némésis de James Bond, Christoph Waltz doit se contenter de certaines apparitions jusqu’à la moitié du film et une présence tardivement appuyée vers la fin. En passant à côté d’un tel personnage mythologique de la saga James Bond, le film déçoit et n’arrive pas à s’imposer comme une réussite exemplaire.
Certes les scènes d’actions sont nombreuses mais elles n’apportent strictement aucune nouveauté face à certains mastodontes récents. Il est ainsi impossible en découvrant ce film de ne pas penser à deux autres sagas cinématographiques. D’un côté Jason Bourne qui a non seulement totalement repensé le film d’espionnage en y incorporant des scènes d’actions spectaculaires et réalistes mais surtout montré l’importance d’avoir un scénario original et dirigé de main de maître. De l’autre côté, le principal souci avec Spectre est qu’il sort quelques mois après le nouveau Mission impossible – Rogue Nation (août dernier) qui s’imposait tout simplement comme le meilleur film d’une saga culte et surtout comme le film d’espionnage de l’année 2015. La présence d’un réalisateur scénariste ayant une réelle volonté d’avoir un scénario prenant et n’étant pas un prétexte à mettre en avant des scènes spectaculaires en faisait toute sa force. Spectre quant à lui présente plusieurs baisses de régime et semble réellement montrer que Daniel Craig aimerait se désengager du personnage qui l’imposa comme l’un des comédiens les plus appréciés. Fini le James Bond solitaire après lui avoir donné une mère de substitution dans l’opus précédent, cette fois-ci le film semble vouloir clairement lui donner une attache sentimentale plus importante que sa mission. La scène du fauteuil de rupture et la scène finale en sont des exemples parfaits.
Pourtant, le film gagne plusieurs points par son casting de seconds rôles réussis notamment celui trop court de Lucia Sciarra (Monica Bellucci) et surtout celui de Monsieur Hinx (Dave Bautista excellent). Les nombreuses scènes les mettant en avant sont les plus réussies du film. Entre une scène dans une assemblée proche d’une secte, une longue scène de course poursuite spectaculaire et une scène de combat titanesque dans un train, on retrouve là tout ce qui a fait le succès de la saga James Bond. De la même manière la scène en Autriche mettant James Bond au commande d’un avion est tout simplement une des meilleures dans un James Bond depuis longtemps. A contrario la scène dans la base de Franz Oberhauser n’est pas assez impressionnante et se devait être un des moments forts du film.
Spectre certes figure parmi les meilleurs James Bond d’une saga vieillissante mais n’atteint à aucun moment le style sophistiqué de Skyfall. Supérieur à Quantum of Solace par bien des côtés, Spectre échoue au titre du film d’espionnage de l’année par son manque d’ambition et une fin décevante et contraire à l’esprit de la saga.. On espère donc que le prochain film sera toujours avec Daniel Craig qui représente une vision du James Bond en adéquation avec son temps.
Vu le 11 novembre 2015 au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF
Note de Mulder: