By Sydney Lumet

Couvrir le festival du cinéma américain de Deauville c’est vivre une totale immersion dans l’univers cinématographique du cinéma américain aussi bien en découvrant des films indépendants de jeunes réalisateurs talentueux, des avant premières de films importants de l’année à venir mais également des documentaires. En cela, la sélection dans la catégorie Les Docs de l'Oncle Sam nous a permis cette année de découvrir le nouveau film de Nancy Buirski (The Loving Story (2011), Afternoon of a Faun: Tanaquil Le Clercq (2013)) By Sidney Lumet.

Rares sont les réalisateurs qui ont marqué à jamais notre mémoire de cinéphile averti. Dès son premier film 12 hommes en colère (1957), un chef d’œuvre immortel du cinéma dans lequel un seul homme dans un jury de douze personnes va voter non coupable dans un procès accusant un jeune homme d’avoir tué son père. Ce juré va réussir lors d’une longue discussion à changer l’avis du jury. En un film virtuose reposant sur l’immense comédien Henry Fonda, Sidney Lumet s’imposa comme un virtuose de la narration et un directeur de comédiens qui amène à révéler à ceux-ci leur meilleur côté. Dans la filmographie riche de ce réalisateur, on gardera Serpica (1973), Un après-midi de chien (1975) (deux films avec Al Pacino magnifiquement juste), Network, main basse sur la télévision et un dernier film 7h58 ce samedi-là (2007). Le cinéma était pour ce réalisateur un moyen de faire réfléchir les spectateurs sur leur société, sur le fait qu’il faut agir et se montrer. Sa volonté de donner à ces films une véritable part de réalité lui permit de s’imposer comme un des plus grands réalisateurs des années 60 et 70.

La lourde tâche de la réalisatrice Nancy Buirski était de donner une idée juste du réalisateur. En se basant sur de longs entretiens en 2008 (plus de dix-huit heures), le film nous révèle de nombreuses anecdotes et surtout la manière dont le réalisateur percevait l’art de créer un film. De nombreux thèmes chers à ce réalisateur sont ainsi montrés comme sa dénonciation de la corruption, le libre arbitre et plus largement la société américaine et ses travers. La grande liberté du film et sa grande force nous permettent de mieux cerner ce réalisateur. Loin d’être une hagiographie, By Sydney Lumet nous montre les fêlures de ce réalisateur souvent nominé pour l’Oscar du meilleur réalisateur (à six reprises) mais qui ne l’obtint qu’en 2005 (Oscar d’honneur) pour sa brillante collaboration avec de nombreux scénaristes et acteurs et sa manière de faire du cinéma un véritable art culturel.

De nombreux comédiens tel Al Pacino, Rod Steiger, Chris Sarandon, William Holden ont pu être sélectionnés pour leur travail important en qualité de comédiens sur les films de ce réalisateur. Les nombreux extraits qui sont présentés nous montrent bien la vivacité de leur jeu de comédien et surtout un talent brut que le réalisateur a pu révéler au grand public. Ce document leur rend hommage également et montre que le cinéma s’est forgé grâce àde grands réalisateurs comme Sidney Lumet.. Pour cela, ce documentaire mérite d’être découvert réellement.

Vu le mercredi 9 septembre 2015 au CID, Deauville en VO

Note de Mulder: