Cop car

Le premier film de John Watts, Clown (2014), co-écrit par celui-ci et Christopher Ford et co-produit par Eli Roth laissait présager des débuts prometteurs pour ce jeune et talentueux réalisateur. Très inspiré par les maîtres de l’horreur, il était impossible en découvrant ce film de ne pas penser à John Carpenter et à Wes Craven pour l’ambiance inquiétante de ce film. John Watts délaisse le genre horrifique pour son second film qui sera présenté la semaine prochaine durant le festival du cinéma américain de Deauville et s’oriente vers un bel hommage aux grands espaces américains et plus précisément au western moderne. De nouveau co-écrit avec Christopher Ford le film nous propose de suivre l’errance de jeunes fugueurs ayant découvert une voiture de police abandonnée et qui décident de partir à l’aventure avec celle-ci. Pourchassé par un shérif corrompu une longue traque s’engage.

S’inspirant de l’ambiance inquiétante de films qui ont marqué leur mémoire tels Mad Max (1979), The Hitcher (1986) et de l’ambiance de certains westerns, les deux scénaristes réussissent à créer une ambiance inquiétante et post apocalyptique en pleine Amérique profonde. Soucieux de rendre crédible ce récit et malgré des moyens qui sont assez limités, le réalisateur réussit à créer un univers à part dans lequel le temps semble s’être arrêté. On découvre ainsi dès les premières images du film deux jeunes garçons qui ont décidé de fuguer et qui traversent une campagne sans vie. Alors que ce départ pouvait laisser présager un film d’aventure dédié à un public plutôt jeune, les scénaristes brouillent les cartes et incorporent une voiture abandonnée, des adultes plutôt dangereux et une lutte impitoyable entre deux hommes. C’est ce cadre atypique et la beauté de certaines scènes qui font de ce film indépendant une véritable et bonne surprise inattendue. Au lieu de nous raconter une histoire déjà vue et revue, les scénaristes se sont attachés à décrire avec soins leurs personnages et à leur donner une âme. Face à ces deux jeunes enfants innocents, le réalisateur leur oppose un shérif malfaisant prêt à tout pour récupérer sa voiture et ce qui se trouve dans le coffre. Cet affrontement sera aussi physique que psychologique et entraînera peu à peu ses deux jeunes enfants à rentrer dans l’adolescence.

Cop car joue ainsi constamment sur les apparences trompeuses et sur les oppositions nombreuses.Le scénario dresse finement un portrait d’une Amérique qui a perdu ses repères moraux. En cela, le film peut être suivi non seulement comme un hommage aux westerns mais aussi comme un conte moderne rappelant des classiques comme les Goonies (1985), Stand By me (1986). Le réalisateur nous livre donc un film parfaitement maîtrisé et dont le minimaliste de l’action renforce une ambiance envoûtante et inquiétante à la fois. Pour parfaire cette ambiance, le réalisateur ne retient que la présence de très peu de personnages et surtout donne aux deux jeunes comédiens James Freedson-Jackson et Hays Wellford matière à livrer des prestations convaincantes. Face à eux, le comédien Kevin Bacon témoigne une fois de plus qu’il est l’un des meilleurs actuels et capable de donner le meilleur de lui-même aussi bien dans de grandes productions américaines (Hollow Man, l'homme sans ombre (2000), X-Men: Le Commencement (2011) que dans des œuvres indépendants de jeunes réalisateurs dont Cop Car est l’exemple parfait.

Le réalisateur John Watts témoigne une nouvelle fois d’un talent de conteur rare et d’une belle direction d’acteurs. On ne peut qu’attendre avec la plus grande impatience son prochain film qui n’est qu’autre qu’un nouveau reboot de Spider-man annoncé pour 2017.

Vu le 6 septembre 2015 au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: