Mistress America

Le nouveau film de Noah Baumbach est co-écrit de nouveau après Frances Ha avec Gretar Gerwig. Il témoigne d’une véritable maturité cinématographique et d’un constat social de cette Amérique actuelle. Loin de ces comédies stéréotypée, Mistress America apporte une véritable bouffée d’air frais et surtout s’affirme un cinéma adulte, original et sensible. Talentueux scénariste, le réalisateur avait co-écrit avec Wes Anderson La vie aquatique (2004) et Fantastic Mr. Fox (2009), les deux films traitant d’un sujet important pour le réalisateur, celui de la famille. Cette thématique était déjà prépondérante dans ces précédents films (Margot va au mariage (2007), Greenberg (2010)..). Elle est de nouveau présente à travers cette rencontre entre deux jeunes femmes que tout semble opposer et dont le père de l’une, la mère de l’autre ont décidé de se marier. Tracy (Lola Kirke) est une jeune lycéenne qui souhaite quitter les études et commencer à vivre et gagner sa vie, Brooke (Greta Gerwig) profite quant à elle des plaisirs de la vie et compte ouvrir un restaurant. Leur rencontre va donner vie à un film parfaitement maitrisé, audacieux et attachant.

Le réalisateur et scénariste a parfaitement saisi la portée de cette nouvelle gente féminine cherchant par-dessus tout à réussir sa vie tout en tentant des expériences. Tandis que Tracy trouve en Brooke le sujet parfait de l’un de ses essais, cette dernière trouve avec celle-ci une comparse et une amie précieuse. Toute la force de ce film se retrouve dans l’interprétation brillante de deux jeunes comédiennes qui ont déjà tout de futures grandes. Greta Gerwig qui avait déjà co-réalisé et scénarisé le film Nights and Weekends (2008) n’en est ni à sa première collaboration scénaristique ni à son premier film (LOL (2006), The House of the Devil (2009), Sex Friends (2011)). Elle trouve pourtant à ce jour son meilleur rôle . Elle donne ainsi réellement vie à son personnage et par sa présence, son humour et son réalisme s’impose comme un modèle féminin intéressant. De la même manière, Lola Kirke, révélation du film de David Fincher Gone girl (2014) compose le portrait d’une jeune femme renfermée qui trouve dans l’écriture manière à s’exprimer réellement.

Le film réussit à capter la mouvance de la jeunesse actuelle là où de nombreux réalisateurs n’arrivent ni à la comprendre ni à la représenter. Développer en totale indépendance, le film ne cherche pas ainsi à plaire à tout prix et à s’imposer comme une nième comédie sociale. Au contraire, en trouvant sa propre indépendance, Mistress America s’avère teinté d’un réalisme confondant et donne à ces nombreux comédiens un terrain fertile d’expression. La collaboration entre le réalisateur et la comédienne Gretar Gerwig permet dans ce sens de rapprocher la vision masculine et également féminine du mouvement féminin actuel. Si le titre du film est également celui de l’essai qu’écrit le personnage Tracy ce n’est pas un hasard fortuit mais une spirale intéressante pour montrer l’importance de la gente féminine dans ce film.

Le rythme et la tonalité du film nous rappellent aisément celui des grandes comédies sociales des années 80. Cette impression est renforcée par l’utilisation d’une bande musicale parfaitement en phase. Cet apport supplémentaire donne au film une aura palpitante et intéressante. Dommage cependant de devoir attendre janvier prochain pour découvrir cette comédie réussie qui sortira ce jour (14 Aout) aux Etats-Unis.

Vu le 29 juillet 2015 Blakeley Theater Fox Studios en VO

Note de Mulder: