Titre original: | Mommy |
Réalisateur: | Xavier Dolan |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 138 minutes |
Date: | 08 octobre 2014 |
Note: |
Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.
Il aura fallu attendre son quatrième film Tom à la ferme (2013) pour que Xavier Dolan à seulement vingt-quatre ans puisse connaître son premier succès public et critique. Cet enfant terrible canadien après trois premiers films passés quasiment inaperçus (J'ai tué ma mère (2009), Les Amours imaginaires (2010) et Laurence Anyways (2012)). Mommy son cinquième film lui permet non seulement de s’affirmer comme un réalisateur surdoué et un scénariste talentueux mais également auréolé du prix du Jury du 67ème Festival de Cannes un succès conséquent dans nos salles. En effet mercredi dernier, Mommy décrochait lors des premières séances parisiennes la première place (24 salles, 2685 spectateurs). Cela faisait longtemps qu’un film canadien utilisant notamment le sociolecte du joual pour faire parler ses personnages principaux. Cette notion explique donc le sous-titrage de ce film dans nos salles hexagonales.
Alors que certaines jeunes scénaristes et réalisateurs ont tendance à créer sous l’influence de grands réalisateurs, Xavier Dolan reste fidèle à lui-même et nous présente à ce jour son film le plus réussi. Le réalisateur passionné de cinéma a compris parfaitement son langage et surtout l’importance d’un excellent scénario pour donner naissance à une œuvre forte aussi drôle et amère par moment. Loin de ces comédies dramatiques américaines, voire canadiennes, le réalisateur nous présente trois magnifiques portraits de trois personnages blessés par la vie. Cette jeune veuve, Diane “Die” Després (Anne Dorval) qui doit récupérer la garde de son fils (Antoine-Olivier Pilon) atteint de troubles pédopsychiatriques (TDAH) aussi violent et impulsif va rencontrer une jeune professeur bègue (Suzanne Clément). De leur amitié va naître un magnifique drame contemporain.
Xavier Dolan aime son pays le Canada, il revendique fièrement sa culture musicale (Céline Dion, Oasis, Lana Del Rey, Simple Plan, Dido..) et surtout nous présente avec un véritable amour le milieu populaire québécois qui tente de survivre et d’exister malgré de faibles moyens. Avec ses premiers films, le réalisateur s’était vu apposé une étiquette de jeune réalisateur prétentieux mais à surveiller de près. Mommy est donc son film de la maturité, celui qui mettra tout le monde d’accord sur sa force visuelle, originale et puissante.
La thématique du film rappellera aisément pour certains celle de son premier film J’ai tué ma mère non seulement par la présence de sa comédienne fétiche Anne Dorval mais également par la relation double amour/haine entretenue entre cette mère et son fils. Certes, le film en s’éloignant d’un récit autobiographique y gagne en profondeur et en subtilité. Ce scénario propice à de magnifiques scènes et également livré à l’écran via un format 1 :1 que le réalisateur avait testé sur le clip du groupe musical Indochine en 2014 (College Boy). Ce format particulier donne à l’image projetée un aspect quadrilatère et en réduisant le champ de vision (à la moitié de l’écran) renforce l’attention du public.
La richesse et la sobriété du scénario permettent aux trois principaux comédiens de livrer une interprétation magnifique. Le fait que le film soit retenu pour représenter le Canada aux Oscar est amplement mérité. Le travail du réalisateur avec son directeur de la photographie (André Turpin) se révèle gagnant et donne au film une image sobre, lumineuse et collant parfaitement au scénario. Son contrôle total du film en occupant différentes postes comme réalisateur, scénariste, producteur, chef costumier, chef monteur témoigne de sa volonté de livrer au public le film qu’il avait en tête.
Mommy est donc un des principaux évènements cinématographiques de cette année. Il mérite d’être découvert en urgence et redonne envie de découvrir les anciens films de ce jeune réalisateur que tout Hollywood va s’arracher. Reste à savoir si Xavier Dolan préférera une carrière à la Gus Van Sant, la liberté et l’indépendance ou se tourner vers des films commerciaux au contraire de ce magnifique film qu’est Mommy
Vu le 10 octobre 2014 au Gaumont Opéra Premier, Salle 01, en VO
Note de Mulder: