Barney et ce qui reste de sa troupe d’élite des Expendables libèrent le docteur La Mort, un ancien membre de l’équipe qui était en route pour une prison de haute sécurité. Ils en ont besoin pour compléter leurs rangs et ainsi mener à bien leur nouvelle mission : intercepter en Somalie un dangereux marchand d’armes. L’opération tourne pourtant au drame quand il s’avère que leur cible est en fait Stonebanks, un ancien ami de Barney qui a depuis changé de camp. Convaincu que ses vieux alliés ne feront pas le poids face à cet adversaire de taille, Barney cherche à réunir une nouvelle équipe, constituée exclusivement de jeunes têtes brûlées.
Critique de Mulder
Le premier Expendables sorti en août 2010 nous avait permis de retrouver réunis des comédiens ayant été soit des piliers des films d’actions des années 80 et 90 (Eric Roberts, Jet Li, Dolph Lundgren, Gary Daniels) soit des combattants sportifs émérites (Randy Couture, Terry Crews) et aussi des stars mondiales (Sylvester Stallone, Jason Statham, Mickey Rourke, Bruce Willis et Arnold Schwarzenegger). Le réalisateur, co-scénariste (avec Dave Callaham) Sylvester Stallone avait donc réussi l’impensable soit de réunir les meilleurs comédiens américains de film d’action pour en faire un véritable film de guerre violent, sans temps mort et parfaitement maitrisé. Le second opus nous avait réellement déçu malgré la même équipe d’Expendables et la présence de nouveaux acteurs que l’on prenait plaisir à retrouver sur grand écran (Chuck Norris, Jean-Claude Van Damme, Scott Adkins). On ne s’attendait pas avec ce troisième épisode à nous voir proposer tout simplement le meilleur et le plus jubilatoire de cette série. Alors que le co-scénariste du second volet était Richard Wenk, on retrouve ici de nouveau certes Sylvester Stallone mais également Creighton Rothenberger et Katrin Benedikt. Bien en fait car le scénario est propice à des scènes d’action tonitruantes notamment une scène d’introduction dans un train roulant à pleine vitesse et une autre très longue dans un immeuble désinfecté.
Ce troisième volet moins sanglant donc nettement plus grand public repose sur un scénario solide voyant Barney Ross recruter avec l’aide de Bonaparte une équipe nettement plus jeune pour affronter un ancien expendables Stonebanks devenu un redoutable trafiquant d’armes. Cette équipe inexpérimentée sera faite prisonnier et entraînera donc la reformation de l’équipe initiale. Expendables 3 ne brille pas par son scénario et contrairement au second opus ne se veut pas être une succession de dialogues humoristiques. L’accent est clairement remis sur les scènes d’action tout simplement jouissives et mettant en valeur chacun des personnages. Il est intéressant de voir cette équipe des deux premiers films compléter par deux personnages hauts en couleur Galgo (Antonio Banderas dans l’un de ses meilleurs rôles depuis longtemps) et surtout Doc (Wesley Snipes parfait dans son rôle auto-caricatural). A cela on peut rajouter la présence de Harrison Ford dans un rôle sur-mesure de pilote d’hélicoptère surentraîné et surtout le grand retour de Mel Gibson dans le rôle du terrifiant et survolté Conrad Stonebanks. Les derniers films de cet excellent comédien (saga Mad Max, saga L’arme fatale) et réalisateur surdoué (Braveheart (1995), La Passion du Christ (2004) et Apocalypto (2006) n’avaient guère été mémorables (Hors de contrôle (2010), Le Complexe du Castor (2011)..) et son dernier grand film remontait à 2001 . Il marque donc son grand retour ici et la réussite du film lui revient pour beaucoup. Il donne enfin à l’expendable un ennemi imposant, un marchand d’arme furieux et excentrique (personnage parfait pour incarner un méchant dans un James Bond). On regrettera uniquement avec ce potentiel une scène d’affrontement final trop courte entre son personnage et celui de Sylvester Stallone.
Certes malgré une scène d’action d'introduction monstrueusement efficace, le film parait prendre son temps ensuite pour présenter quatre nouveaux personnages interprétés par Kellan Lutz, Victor Ortiz, Glen Powell, Ronda Rousey. Pourtant le réalisateur Patrick Hughes (Red Hill (2010)) réussit l’exploit malgré cette surabondance de personnages à faire de ce film le meilleur de la saga . Impossible de résister à ces personnages (mention spéciale à celui d’Antonio Banderas) et surtout à des scènes d’actions parfaitement chorégraphiées et filmées. L’équipe des Expendables a enfin trouvé un réalisateur à la hauteur de la testostérone dégagée.
Conquis par ce film qui dépasse nos espérances, nous attendons avec impatience une suite à la hauteur de ce troisième opus qui non seulement mérite absolument d’être découvert en salles mais surtout nous montre que ces comédiens ont pris un véritable plaisir à jouer ensemble et pour cela on ne peut qu’adhérer à ce film d’action le meilleur de l’année.
Vu le 07 aout 2014 à l’UGC Normandie, salle 01, en VO
Note de Mulder:
Critique de Tootpadu
Avant que l’arrivée des jeux vidéos ne rende caduc pareil divertissement dans la vie réelle, les garçons aimaient bien jour au cow-boy et à l’indien, au bandit et au shérif. Ces affrontements étaient assez schématiques, empreints d’un manichéisme primaire et normalement de courte durée, puisque personne ne voulait endosser trop longtemps le rôle du méchant, condamné à une défaite programmée à l’avance. L’univers des Expendables ressemble beaucoup à ce souvenir d’enfance, comme une relique mentale que l’on a mise aux oubliettes depuis des lustres, mais qui se rappelle à nous avec insistance, par la faute des héros d’antan qui ne savent décidément pas raccrocher leur armure. C’est toujours un peu navrant de voir ces sexagénaires tourner en boucle dans le genre d’aventure qui faisait autrefois leur gloire, sans qu’ils ne se rendent compte que le monde a changé d’une façon irrémédiable depuis.
Le début de Expendables 3 reprend essentiellement là où l’épisode précédent nous avait laissés : dans des scènes d’action répétitives et mal fichues, qui jouissent d’un certain charme risible, si on compare leurs effets et leurs cascades antiques à ce qui se fait aujourd’hui dans le domaine. Rien de mal à cela, puisque cette nature fièrement désuète est ce qui fait la marque de fabrique de ce monde de vieillards incorrigibles. Sauf que le scénario, criblé de répliques à l’humour aussi lourd que la propagande de la Guerre froide, s’essouffle dès la deuxième rencontre explosive, pour mieux sombrer dans un passage de relais involontaire entre la vieille garde et des jeunes recrues, qui apprendront aux pépés comment faire leur métier en ce nouveau millénaire. Au lieu d’apporter un peu de fraîcheur à cet environnement qui bat sérieusement de l’aile, les nouveaux Expendables subissent le même traitement que leurs prédécesseurs, à savoir une introduction très sommaire, où leurs forces respectives sont exposées mais par la suite guère sollicitées, avant qu’ils ne s’effacent au profit de l’état d’esprit martial et archaïque de l’équipe.
Le seul à tirer tant soit peu son épingle du jeu est Antonio Banderas, dans le rôle d’un mercenaire qui parle énormément, mais qui sait être efficace quand il le faut. Son interprétation survoltée est la seule à faire face au stoïcisme blasé de Sylvester Stallone et surtout la seule à ne pas trop prendre au sérieux cette aventure aux muscles de plus en plus flasques. Ce n’est hélas pas suffisant pour faire basculer le récit dans le registre de la parodie, ni pour insuffler un peu de vigueur à la mise en scène routinière de Patrick Hughes. Sa présence de trublion illuminé nous fait cependant espérer que l’univers saura embrasser davantage son côté moins révérencieux lors des éventuels films suivants, pas sûrs d’être mis en chantier de si tôt vu le demi-échec commercial de ce trip nostalgique qui sent sérieusement la naphtaline.
Vu le 15 septembre 2014, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 16, en VO