Gardiens de la Galaxie (Les)

« Rocket Raccoon: Why would you want to save the galaxy!?

Peter Quill/Star-Lord: 'Cause I'm one of the idiots who lives in it!”

 

Il est parfois difficile d’écrire une critique qui soit à la hauteur d’un film touchant à la perfection, d’un film qui marquera votre mémoire à jamais, qui vous laissera sans voix et surtout qui dépasse de très loin nos attentes. Rares sont les films tels que The Dark Knight, le chevalier noir de Christopher Nolan (2008), Superman de Richard  Donner (1979) transcendants leur matrice de base (ici un comics). Après avoir vu que leurs comics étaient souvent maltraités (Captain America (1990), Punisher (1989), Nick Fury: Agent of SHIELD (1998), Daredevil (2003)..),Marvel Studios sous la direction de Kevin Feige décidèrent de gérer  eux-mêmes leur adaptations cinématographiques des super-héros. La phase 1 fut lancée avec Iron man en 2008. Son optique était de faire apparaître dans un premier temps les personnages composants l’équipe des Avengers en solo. Ainsi cette phase donna également naissance aux films L’incroyable Hulk (2008), Iron man 2 (2010), Thor (2011) , Captain America : First Avenger (2011) et prit fin en 2012 avec le phénoménal succès mondial de  Avengers. La phase 2 qui commença l’année dernière se finira également avec Avengers (Avengers Age of Ultron 2 (2015)) et permet aux studios de capitaliser sur le succès des super héros de la phase 1 (Iron Man 3(201), Thor : Le Monde des ténèbres (2013),  Captain America : Le Soldat de l'hiver (2014)) et enfin Les Gardiens de la Galaxie.

 

Alors que les principales adaptations cinématographiques misent sur des personnages très connus y compris par un public qui ne lit aucun comics, Studios Marvel prend le risque de changer son modèle mis en place et de donner vie à des personnages se trouvant dans l’espace intergalactique. La première apparition des Gardiens de la Galaxie remonte au comics Marvel Super-Heroes #18 (1969). Cette première équipe fut créée par le scénariste Arnold Drake et le dessinateur Gene Colan. Ce n’est qu’en 2008 dans Gardians of the Galaxy vol.2 que le scénariste Dan Abnett et le dessinateur Andy Lanning donnèrent vie à l’équipe de Gardiens de la Galaxie que nous retrouvons dans le film du visionnaire James Gunn. Cette équipe qui voit le jour pendant la saga Annihilation Conquest comprend Star-Lord (le seul demi-humain), Rockett Raccoon (un Halfworlden ressemblant à un raton laveur), Groot (un colosse s’apparentant à un arbre vivant humanoïde) et Mantis (une mutante humaine), l’équipe s’est vu s’adjoindre Adam Warlock (une créature créée génétiquement comme un surhomme), Drax le Destructeur (une créature mutante), Gamora (une Zen whoberi) et Phyla-Vell (une Kree). Il fallait un scénariste surdoué pour donner vie à cette équipe de mercenaires de l’espace. James Gunn réussit l’exploit de ne garder de l’équipe complète que Star Lord (Peter Quill), Rocket Raccoon, Groot, Gamora et  Drax le Destructeur.

 

James Gunn avant d’être aux manettes de la meilleure adaptation cinématographique a toujours eu une véritable passion pour la réalisation. Il fait ses classes dans la société Troma Entertainment de Lloyd Kaufman (Tromeo and Juliet…). Sa passion pour l’univers des super-héros l’amène à écrire le scénario du film de  Craig Mazin (The Specials (2000)) et en 2010 à réaliser  et scénariser Super (2000). Son premier film Horribilis est un hommage vibrant aux monstres des films fantastiques des années 70. Le film Les gardiens de la Galaxie marque donc un tournant important dans sa carrière. L’ayant scénarisé et réalisé également il livre non seulement un film personnel plein d’humour mais surtout rendant hommage aux films qui l’ont marqué. Ce grand cinéphile réussit ainsi également parfaitement l’osmose entre le langage des comics et cinématographique.

 

Dès la scène d’introduction nous rappelant d’une certaine manière les films de science-fiction des années 70 tel Rencontres du troisième type (1977) de Steven Spielberg, James Gunn semble vouloir surfer sur l’esprit des sérials et faire de  Peter Quill un Indiana Jones de l’espace. Il est en effet impossible de ne pas penser à cette scène visible également dans la bande annonce montrant Peter Quill dérober dans un temple un globe oculaire. Au lieu de continuer à s’inspirer des réalisateurs qui l’ont marqué, il décide ensuite de faire table rase du passé et de faire de son film le mélange parfaitement réussi entre l’univers de Star Wars (space-opera) et celui Marvelien. Loin de faire un nouveau film de super-héros, le réalisateur s’attache à nous présenter des loosers (qui ont perdu chacun quelque chose) et d’eux le seul rempart pour lutter contre Ronan l'Accusateur un terroriste interplanétaire ne rêvant que de conquêtes. 

 

Pour donner vie sans tomber dans le ridicule à une équipe composée notamment d’un arbre humanoïde, d’un raton laveur et d’un tueur féroce ne rêvant que de vengeance, il fallait trouver le parfait dosage et rendre crédible et attachant une telle équipe. A ce niveau James Gunn sans jamais oublier de nous livrer un blockbuster démentiel réussit l’impossible. Rocket Raccoon est sûrement l’un des personnages les plus attachants de l’univers Marvel, son humour omniprésent apporte au film une valeur ajoutée indéniable. Ne lésinant jamais sur les effets spéciaux, ce personnage et celui de Groot semblent aussi vivants que les personnages de Star-lord, Gamora et Drax le Destructeur. Chris Pratt livre là sa meilleure interprétation tandis que Zoe Saldana apporte une touche sensible féminine et Dave Bautista fait de Dave Bautista un personnage haut en couleur. 

 

James Gunn en répondant présent à la demande de Marvel Studios pour  donner vie à ces personnages nous livre non seulement un pur chef d’œuvre, un space-opera flamboyant et nous démontre une nouvelle fois qu’un réalisateur ne doit jamais oublier d’avoir une vision parfaite de l’univers qu’il créé et surtout que les effets spéciaux ne sont qu’un moyen pour renforcer un scénario maîtrisé prenant vie grâce à  un casting parfait. Les Gardiens de la Galaxie est donc le meilleur film Marvel Comics à ce jour et surtout utilise à merveille des chansons des années 70 pour illustrer un film tourné vers l’avenir. Lorsque le passé et le futur cohabitent aussi parfaitement cela donne tout simplement un pur chef d’œuvre à voir et revoir… 

 

Vu le 21 juillet 2014 au Gaumont Champs-Elysées Marignan, Salle 01, en VO et 3D