Transformers L'Age de l'extinction

Transformers L'Age de l'extinction
Titre original:Transformers L'Age de l'extinction
Réalisateur:Michael Bay
Sortie:Cinéma
Durée:165 minutes
Date:16 juillet 2014
Note:

Cinq ans après la bataille épique entre les Autobots et les Décepticons à Chicago, les services secrets américains font la chasse aux Transformers. Ils ont presque fini de les éradiquer de la surface de la Terre, quand le bricoleur texan Cade Yeager trouve un vieux camion abîmé lors du démantèlement d’une salle de cinéma. Il l’achète et tente de le démonter afin de revendre ses pièces détachées. Mais à sa grande surprise, l’engin émet un signal d’appel au secours et finit par se transformer en Optimus Prime, le chef des Autobots. Yeager devra alors aider le leader malmené à rassembler ses piètres troupes et à contrer le projet du scientifique Joshua Joyce de créer une nouvelle race de Transformers soumise à la volonté humaine.

Critique de Noodles

« Le problème du cinéma aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas plus que des suites ou des remakes » que faut-il voir dans cette affirmation désabusée que tient l’un des personnages au début du film ? Michael Bay est-il soudain pris d’un éclair de lucidité et d’autodérision, ou bien s’agit-il plutôt d’un élan de sincère nostalgie de la part d’un cinéaste réellement convaincu que son œuvre n’est pas concernée par le fait énoncé ? Cette deuxième hypothèse parait bien peu crédible. Rappelons en effet que Transformers : L’Age de l’extinction est le quatrième volet d’une saga qui a vu le jour en 2007. Entre temps, Transformers 2 : La Revanche (2009) et Transformers 3 : La Face cachée de la Lune (2011) nous avaient permis de cerner les intentions du réalisateur. L’objectif est clair : réaliser des blockbusters toujours plus longs, toujours plus spectaculaires, toujours plus chers, mais surtout toujours plus rentables.

Sans surprise, ce nouvel opus ne déroge pas à la règle et s’inscrit dans l’étroite lignée des précédents. Si pendant un temps, Michael Bay avait considéré en avoir fini avec sa saga Transformers, il faut croire que le potentiel commercial d’un autre épisode a suffi à le convaincre de se lancer à nouveau dans l’aventure. Ici, afin de combattre les nouvelles menaces extraterrestres qui planent sur l’humanité, se dresse un petit groupe d'humains (soit la jeune femme blonde au corps de rêve et son compagnon, un pilote de rallye au physique tout aussi attractif) menés par un Mark Wahlberg bodybuildé qui parvient à peine à être crédible dans ce rôle d'inventeur raté et de père fauché. Ce trio bancal n'a finalement que peu d'intérêt à l'écran tant le jeu d'acteur paraît surfait et leurs répliques tellement vides qu'elles en deviennent presque risibles, et seule la performance d'un Stanley Tucci visiblement très en forme permet de rehausser un peu le niveau.

Toutefois, ce qui saute d'abord aux yeux, c'est bien ce déferlement de combats titanesques et de déflagrations à tout-va. Dans sa volonté de repousser les limites toujours plus loin, Michael Bay semble en avoir oublié toute notion de dosage et il est bien décidé à ne pas laisser une seule seconde de répit à ses spectateurs. De ce fait, le film ne nous offre qu'un enchainement de chorégraphies destructrices indigestes, et les explosions sont si nombreuses qu'elles ne constituent plus qu'une sorte de bouillie pyrotechnique n'ayant plus aucun impact sur le spectateur. Malgré la belle photographie dont bénéficie Transformers : L’Age de l’extinction, nous assistons à une overdose d'effets spéciaux et à un rythme très mal maitrisé pendant les 2h45 de ce film qui aurait pu et dû se passer d'une bonne demi-heure superflue.

Les faiblesses de ce blockbuster douteux ne sont pas seulement à chercher dans sa forme, mais également dans son fond. Pour compenser l'absence de scénario solide, Transformers : L’Age de l’extinction multiplie les intrigues comme les ennemis, et le résultat final reste assez brouillon. L'inexistence de véritable enjeu narratif et dramatique fini par avoir raison de l'attention du spectateur. Comme si ce n’était pas suffisant, on assiste à une vague absolument hallucinante de placements de produits qui crèvent les yeux, participant à insuffler un peu plus de ridicule au film.

Il aurait été trop beau d’attendre de la part de la Paramount que ce quatrième opus soit celui qui permette de clore la saga. Au lieu de cela, l'annonce d'un nouvel épisode est plus qu'explicite dans toute la dernière partie de Transformers : L’Age de l’extinction. La seule question que nous inspire l'idée d'une énième suite est de savoir ce que Michael Bay va bien trouver à faire exploser, mis à part bien sûr le box-office.

 

Vu le 3 Juillet 2014, au Pathé Beaugrenelle, en 3D, en VO.

Note de Noodles:

Critique de Tootpadu

Tous les éléments que nous détestons profondément dans le style de Michael Bay sont réunis dans ce quatrième volet de Transformers. A chaque nouvelle aberration esthétique que nous inflige le réalisateur, film après film, nous nous efforçons de trouver le petit détail qui fait mouche, en guise de grain de sable capable d’enrayer la machine aux visuels clinquants que Bay a su perfectionner comme personne d’autre. Il nous arrive même de saluer la cohérence formelle d’une filmographie, dont la valeur artistique, aussi subjective soit-elle, est inversement proportionnelle au succès commercial, une fois de plus insensé dans le cas de Transformers L’Age de l’extinction. Mais à force d’être soumis à ces spectacles d’une vacuité consternante, nous n’en pouvons plus de perdre notre temps avec des récits dont la démesure ne justifie nullement la durée excessive.

En effet, nous n’en sommes pas encore arrivés aux trois heures d’agacement sensoriel. Mais puisqu’il n’est qu’une question de temps avant que le cinquième film de l’univers froid des voitures guerrières ne franchisse ce pas symbolique, la tendance à l’allongement devrait se poursuivre à notre grand désarroi cinématographique. Nous avons depuis longtemps abandonné tout espoir que Michael Bay saura un jour orchestrer ses récits selon les règles les plus basiques d’une quelconque tension dramatique. Avec une telle inflation galopante de la durée, il était toutefois permis d’envisager que l’augmentation des déchets filmiques s’accompagne de deux ou trois séquences suffisamment jouissives pour nous faire endurer le reste de ce faux divertissement abrutissant. Hélas, il n’en est rien dans le cas présent, puisque le seul et unique moment de prise de plaisir viscéral, qui implique notre propre phobie vertigineuse lors de la traversée en hauteur des vallées urbaines, est trop éphémère et trop mal conclu pour laisser une impression durable. De même pour les acrobaties sur les façades des immeubles chinois, elles aussi largement en dessous du potentiel d’une telle scène d’action.

Tout ce qui entoure ces sursauts fadasses d’un soupçon de vigueur narratif est d’un crétinisme filmique très difficile à supporter. A commencer par le vocabulaire plastique fâcheusement redevable d’une esthétique publicitaire des années 1980 que plus personne n’emploie trente ans plus tard, à l’exception risible de Michael Bay. L’histoire rudimentaire baigne par conséquent dans un cadre visuel qui met avant tout en valeur une conception caricaturale des Etats-Unis, mais sans que ces clichés ambulants ne débouchent sur le plus infime commentaire ironique. Le départ du personnage interprété par Shia LaBeouf, lui aussi une source d’énervement considérable, ne se traduit pas non plus par un regain en intelligence scénaristique. Bien au contraire, les altercations entre le père trop protecteur et sa fille à l’esprit indépendant plombent inexorablement le ton affligeant d’un film, qui évolue de toute façon à l’opposé total du cinéma que nous aimons.

 

Vu le 3 juillet 2014, au Pathé Beaugrenelle, Salle 10, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Transformers, l’âge de l’extinction est un film qui partage de nouveau notre rédaction. Certes, il ne s’agit pas d’un film d’auteur, ni d’un film tentant d’apporter une nouvelle approche des blockbusters estivaux. Soit vous allez adorer Transformers, l’âge de l’extinction soit le détester. Pourtant, Michael Bay réalise ici son onzième fil et son meilleur à ce jour. Après avoir marqué nos mémoires par un époustouflant Rock (1995) donnant à Sean Connery et Nicolas Cage l’un de leurs meilleurs rôles, continuer à détruire massivement notre planète (Armageddon (1998) et Pearl Harbor (2001)), dynamiter le buddy movie (Bad boys 1&2 (1995, 2003), The island (2004)) et même tenter de réaliser une comédie (No pain, no gain (2013)), le voilà de nouveau derrière la caméra pour poursuivre sa saga Transformers.
 
La franchise Transformers a été instituée par les entreprises Takara Tomy et Hasbro dès 1984. En mettant en avant ces robots géants capables de se transformer en véhicules de toutes sortes, cela allait marquer pour longtemps aussi bien le monde de la télévision (Transformers (1984-1987), Transformers : Prime (2010-213), , du comics (Marvel) que l’industrie du jouet (Hasbro) et des jeux vidéo. Produit par Steven Spielberg, les trois précédents films furent de gros succès commerciaux et guère critiques. Certain allant à reprocher au réalisateur Michael Bay de faire des œuvres plus proches du vidéoclip gargantuesque que d’une œuvre cinématographique. Ce nouveau film est pourtant ultra efficace et nous permet de découvrir des scènes les plus époustouflantes les unes plus que les autres que le film se passe aux Etats-Unis (Texas, Illinois) ou à Hong Kong (la Chine a participé au financement via China Movie Channel et Jiaflix Enterprises). Le plaisir pris par le réalisateur à la destruction de notre planète perdure encore dans ce film notamment dans les scènes se passant de nouveau à Chicago et surtout par une fin hallucinante à Hong Kong donnant au film l’apparence d’un barnum géant.
 
Contrairement à l’approche de James Cameron, Michael Bay a plus tendance à privilégier l’image qu’au soin apporté au scénario et à ses nombreux rebondissements. Le scénario d’Ehren Krueger assez affligeant est le seul point réellement faible du film. Pour rappel, le scénario du premier était signé par Roberto Orci et Alex Kurtzman. Le second par Ehren Kruger, Roberto Orci et Alex Kurtzman et le troisième et celui-ci que par Ehren Kruger. Malgré tout, ce film est l’exemple parfait pour démontrer ce que doit être un blockbuster estival en termes de technologie. Ainsi, le film projeté en Imax 3D donne l’impression d’avoir été construit pour tester non seulement la puissance visuelle et sonore de nos salles de cinéma les plus modernes. Une caméra 3D numérique grand format double 65 mm 4K entièrement intégrée fut même utilisée pour la première fois dans un film. Les nombreux placements publicitaires du film (Nissan, Bugatti, Chevrolet..) donnent par moment l’impression que le film est une annonce publicitaire géante à l’image de ces Dinobots. Une nouvelle fois ILM nous démontre la puissance de sa création par des effets spéciaux encore inimaginables il y a quelques années (Scott Farrar, Ohn Frazier et John Frazier).  
Ce nouveau film repose également sur un nouveau casting et donne une plus grande importance aux Transformers qu’aux humains. L’évolution constante en terme d’effets spéciaux tend à montrer que les comédiens risquent tôt ou tard de voir leur poste occuper par des images de synthèse criantes de vérité et à la froideur maîtrisé. Ainsi, on ne retrouve plus l’exacerbant Shia LaBeouf mais Mark Wahlberg et on gagne réellement au change, après avoir interprété des rôles face à des singes en images de synthèse (La Planète des singes (2001), des monstres de toutes sortes (Max Payne (2008)) et surtout un ours en peluche culte (Ted (2012)) le voici face à des robots géants possédant une âme cybernétique. 
 
Transformers, l’âge de l’extinction est à ce jour le film le plus abouti et réussi de Michael. En retrouvant Mark Wahlberg après le film No Pain No Gain, il peut s’appuyer sur l’un des meilleurs comédiens américains actuels (et également producteur reconnu) pour nous livrer un film à dévorer pop corn à la main certes pro américain (pas un hasard si les drapeaux américains sont omniprésents) mais passionnant et exténuant de toute part. Le succès mondial du film (le plus gros de l’année à ce jour) laisse présager une suite. On espère seulement que l’équipe restera la même hormis le scénariste.
 
Vu le 18 juillet  2014 au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF et IMAX 3D

Note de Mulder: