Robocop

Robocop
Titre original:Robocop
Réalisateur:José Padilha
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:05 février 2014
Note:

Les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d'acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme...

Critique de Mulder

Lorsqu’en 1987, Paul Verhoeven nous livrait l’un des meilleurs films de science-fiction vu au cinéma depuis longtemps, il ne pouvait s’imaginer que ce personnage mythique allait se retrouver dans deux autres films nettement moins réussies, une série télévisée aseptisée et une série animée pour enfant. Ces différentes suites et dérivées travestissaient ainsi le message du premier film :le combat de l’homme tiraillé entre son passé et celui d’androïde à apparence humaine. La violence décomplexée de ce film laissait même place à une scène gore et très efficace. A cette époque, la science cybernétique était encore à ses balbutiements et les prothèses (jambes, bras) pas aussi développés qu’actuellement. Robocop fut aussi pour Verhoeven son premier film entièrement américain (La chair et le sang en 1985 était une production hispano-néerlando-américain).

Au lieu d’être un simple remake de ce classique, le réalisateur José Padilha nous propose plutôt une relecture intéressante et encore plus complexe sur ce qu’est l’âme humaine. Après un développement de production assez long laissant dans un premier temps Darren Aronofsky aux manœuvres sur un scénario de David Self, ce projet ne vit pas le jour car la vision de ce réalisateur n’était pas en accord avec celle du studio MGM. Le projet fut donc relancé par le jeune réalisateur José Padilha  secondé par le jeune scénariste Joshua Zetumer dont c’est le premier scénario adapté. Ce dernier avait participé au scénario de Quantum of Solace (sans être crédité) et avait écrit un scénario sur un remake de Dune que devait réaliser Pierre Morel qui ne vit finalement pas le jour. Le scénariste loin de reproduire scènes par scènes le scénario original n’en garde que certaines idées (journal télé, le contrôle de Robocop, les souvenirs de Alex Murhy) mais préfère tabler plus sur la complexité des personnages et leurs rapports. Ainsi, le personnage de Norton interprété dans l’original par Miguel Ferrer est entièrement revu et surtout gagne en présence et en consistance dans le film. L’acteur Gary Oldman est parfait dans ce rôle du créateur prêt à défendre sa création tel le réalisateur à défendre son film au studio qu’il l’emploie. De la même manière, la femme du personnage d’Alex Murphy qui n’apparaissait  dans le film de 1987 que dans un flashback gagne aussi en présence et est ainsi le premier rôle féminin du film. En effet, le personnage  de l’Officier Anne Lewis (Nancy Allen dans la trilogie originale) laisse la place à Officer afro-américain Jack Lewis. De  même,la  cause de la mort de l’officier de police Alex Murphy n’est pas identique à celle de l’original .Ces changements notables par rapport à l’original permettent de redécouvrir un autre film. Celui-ci n’est pas pour autant comme l’adaptation en forme de deux séries télévisées aseptisées, loin de là.

Les scènes d’action sont également nettement plus réalistes et font moins penser comme l’original à un jeu vidéo. L’apport de Jason Bourne dans le cinéma fait que de plus en plus de films comme Robocop ancre leurs scènes d’action dans un climat plus réaliste. La violence des scènes d’action du film de Paul Verhoeven laisse ici place à des scènes nettement plus scénarisées. On retrouve ainsi la patte du réalisateur de Troupe d’élite 1&2 (2007 et 2010). Le film trouve ainsi sa propre identité et permet chose rare de dépasser l’original par certains points et à s’imposer non pas comme un remake mais une relecture du scénario original. Dans notre monde actuel, le scénariste a bien observé que les prothèses médicales, les voitures dignes d’un James Bond commencent à apparaître et à témoigner d’une réelle inventivité.  La vision du scénariste permet de donner une plus grande épaisseur à Alex Murphy prisonnier d’un corps qui n’est plus réellement le sien. De la même manière les différentes armures de Robocop permettent non seulement de rendre hommage à l’original mais également de le réinventer intelligemment.

Pour donner vie à ce nouveau Robocop, il fallait un acteur capable de laisser parfaitement passer ses émotions à travers son visage plus que par les mots. C’est ainsi à l’acteur Joel Kinnaman (série The Killing) à  qui revient la lourde tâche de remplacer l’excellent comédien Peter Weller.  Choix très audacieux qui fonctionne parfaitement et qui permet au film de gagner en profondeur ce qu’il perd en férocité. La question relative au film est donc de savoir ce qui l’emporte dans une telle dualité, l’âme d’un homme mort ou son corps d’androïde.

Les effets spéciaux entre le film original et celui-ci ont fait un pas de géant. Cette avancée technologique se ressent par ces effets spéciaux nombreux dans ce film. On retrouve ainsi les fameux ED-209 mais ceux-ci ne sont animés en stop motion mais laissent place à des effets visuels parfaitement maîtrisés. De la même manière le robocop original avait du mal à bouger. Peter Weller avait dû à l’époque prendre des cours de mime pour donner vie à son personnage. Le nouveau Robocop tel un Terminator de dernière génération apparaît ainsi comme un réel super-héros des temps modernes, capable de courir, de faire des sauts puissants et à l’aise sur n’importe quel véhicule (voiture, moto.).

Le réalisateur témoigne une nouvelle fois qu’il est un directeur d’acteurs hors pair. Son film s’appuie sur des acteurs parfaitement à  l’aise dans leur rôle, que cela soit comme déjà cité Joel Kinnaman, Gary Oldman, Michael Keaton (malheureusement trop rare actuellement) et la sublime Abbie Cornish (Sweet Pea dans Sucker punch notamment). Les seconds rôles tenus par Samuel L. Jackson, Miguel Ferrer (déjà présent dans le film original)  et Michael K. Williams se révèlent être  également parfaits.

Après avoir entendu de nombreuses informations sur l’élaboration difficile de ce film, le résultat témoigne que le réalisateur José Padilha a parfaitement réussi son premier film Hollywoodien. Il a su protéger son scénariste et sa vision de réalisateur surdoué. Robocop est donc le film de science-fiction incontournable de ce premier semestre.

Vu le 28 janvier 2014  au Club Marbeuf, en VO

Note de Mulder: