Titre original: | Suspect |
Réalisateur: | Scott Walker |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 30 septembre 2013 |
Note: |
Au début des années 1980, l’inspecteur Jack Halcombe s’apprête à quitter ses fonctions en tant qu’enquêteur de la police de l’Alaska, quand le corps d’une femme en état de décomposition est trouvé. Halcombe est chargé d’élucider cette affaire et ne tarde pas à faire le rapprochement avec d’autres crimes semblables. Son attention se porte surtout sur Cindy Paulson, une jeune prostituée récemment interrogée par la police d’Anchorage par rapport à son accusation de séquestration et de viol à l’égard de Robert Hansen, un citoyen respectable. Tandis que ses collègues doutent de la version de Cindy, Halcombe y croit de plus en plus, au fur et à mesure que les indices contre Hansen s’accumulent. Il ne manque plus qu’une preuve irréfutable, avant de pouvoir accuser ce dernier de meurtre.
Les vastes plaines enneigées de l’Alaska ne sont guère mises à profit dans ce policier, qui sortira directement en vidéo en France. Le ton y est sensiblement plus urbain que dans le film référence dans le genre des thrillers au grand nord des Etats-Unis, Insomnia de Christopher Nolan. Ici, les plans aériens des montagnes et des rivières servent tout juste de remplissage, pardon, de temps de répit entre les séquences nerveuses de l’enquête. Car les bas-fonds de la ville, avec ses quartiers entièrement consacrés à la prostitution, ne se distinguent point de ceux des métropoles du cœur du pays. C’est un environnement social mal famé, où la vie et la décence ne valent pas chères, ce que la mise en scène de Scott Walker ne manque pas de nous rappeler à la moindre occasion.
Il n’empêche que c’est surtout ce caractère sec et brut de la narration, qui confère à Suspect ses rares points de distinction. Tout le reste est assez convenu, voire presque agaçant formellement parlant en raison d’une mobilité excessive de la caméra. De même, les enjeux de l’intrigue sont minimes, puisque la culpabilité de Hansen n’est jamais sérieusement mise en doute. Avec la quête fiévreuse de preuves par Halcombe comme seule source de suspense, le récit a effectivement tendance à se traîner en longueur. Sans oublier que le fond psychologique des personnages est des plus rudimentaires.
Quant à l’interprétation, la seule et unique surprise agréable ne vient certainement pas de Nicolas Cage, plutôt fade, ni de John Cusack, désormais abonné aux rôles de psychopathes ennuyeusement identiques de film en film. Contre toute attente, c’est Vanessa Hudgens qui tire le mieux son épingle du jeu, par le biais d’une interprétation qui constitue un départ sensible de l’image qui lui collait à la peau jusqu’à présent. Finis les beaux jours de l’univers propret de High School Musical, l’actrice n’a plus peur d’incarner convenablement des personnages plus sombres et réalistes.
Vu le 6 septembre 2013, au Casino, Deauville, en VO
Note de Tootpadu:
Scott Walker réalisateur New zealandais montre dès son premier film qu’il a les atouts nécessaires pour être un réalisateur à suivre de près. Sur la base d’une histoire vraie d’un serial killer ayant agi en Alaska entre la fin des années 70 et début des années 80 et ayant tué entre 17 et 21 jeunes femmes, le réalisateur développe les relations entre celui-ci, sa victime et l’inspecteur le pourchassant.
Ce film chose surprenante est sortie le 23 aout 2013 aux Etats-Unis en même temps que sa sortie en salles également via un système de vidéo à la demande et en location sur Itunes. En France, il aurait mérité également une sortie en salles au vu de sa qualité et de de son casting et non en direct video. En effet, le réalisateur s’entoure de comédiens aguerri tel Nicolas Cage, John Cusack, Vanessa Hudgens, Curtis Jackson et Radha Mitchell. Certes, loin d’être une réussite exemplaire, et n’arrive pas à concurrencer le film de David Fincher Seven mais pour un premier film on sent que le réalisateur et scénariste connaît suffisamment bien son sujet pour nous livrer une lutte implacable entre un inspecteur de police (Jack Halcombe / Nicolas Cage) et un serial killer cachant bien ses instincts primaires (Robert Hansen / John Cusack).
Le réalisateur donne à Vanessa Hudgens l’un de ses meilleurs rôles à ce jour. Loin de son image idyllique de la trilogie High School musical et de College Rock Stars, cette actrice témoigne par ses choix récents (Sucker Punch, Spring Breakers) l’envie de casser son image et de prendre le risque de se couper de son jeune public. Ces choix sont plutôt ceux d’une actrice complète cherchant à faire avancer sa carrière vers des rôles plus adultes et plus sombres. Son interprétation dans ce film est remarquable et témoigne d’un talent digne des plus grandes comédiennes actuelles.
Le réalisateur exploite au mieux le cadre des décors naturels de l’Alaska et nous rappelle ainsi par son ambiance l’excellent film Insomnia de Christopher Nolan. Ces décors naturels apportent une plus-value réelle à ce thriller et surtout renforce le côté très sombre de cette histoire. Le directeur de la photographie Patrick Murguia (Abel, L’élite de Brooklyn) tire parfaitement parti de cette ambiance en accentuant les teintes obscures et renforce aisément cette ambiance. Chose surprenante pour un premier film en plus d’un casting excellent est cette absence de concession pour raconter cette histoire. Loin de vouloir faire un film tout public, le réalisateur livre un film dur, voir insoutenable tout en laissant une vision guère optimiste de notre société actuelle. En filmant les bas fond de l’Alaska, son premier film révèle un auteur à suivre de près.
Ce film fut donc une des excellentes surprises de ce 39ème festival du cinéma américain de Deauville.
Vu le 4 septembre 2013, au C.I.D., Deauville, en VO
Note de Mulder: